200 ou 300 personnes tuées. Difficile de faire un bilan sur les affrontements en Libye tant l'accès à l'information dans ce pays est difficile, tant le pays est gardé loin des regards de la presse internationale. Isolées, coupées du monde et désarmées, les populations libyennes vivent des journées des plus sanglantes avec des manifestations réprimées dans le sang par le régime du guide libyen Mouaamar El Kadhafi. Dans un pays pris en otage depuis son arrivée au pouvoir il y a… 42 ans, le guide, qui a gouverné avec une main de fer, n'a pas hésité à utiliser les gros moyens pour étouffer des manifestations pour la dignité, la liberté et de meilleures conditions de vie. Réseaux téléphoniques et accès à internet coupés, télévisions satellitaires brouillées, les forces de sécurité du régime agissent en toute liberté, en tirant à balles réelles sur les manifestants. Dans ces conditions, il est très difficile d'avoir accès à l'information et de savoir ce qui se passe au juste dans la Jamahiria depuis quelques jours, les journalistes ne pouvant travailler librement dans le pays en raison de l'étroit contrôle exercé par le régime. Les informations proviennent d'entretiens téléphoniques, mais aussi de vidéos amateurs et de messages mis sur internet ainsi que des opposants en exil. Les agences de presse mondiales qui datent leurs dépêches sur la contestation en Libye à partir du Caire ou de Manama, témoignent de toutes les difficultés d'accéder à une information fiable. Néanmoins, des ONG et des citoyens sur place en terre libyenne, trouvent toujours un moyen de faire passer entre «les mailles» de la censure, des nouvelles du soulèvement populaire. Sans atteindre sa vitesse de croisière, le mouvement de contestation tend à se radicaliser, notamment à Benghazi et certaines autres villes de l'est du pays. Même la capitale Tripoli ne semble pas être épargnée, selon des témoins et des ONG. Ces dernières, citant des sources médicales, font état d'au moins 200 morts ces derniers jours à Benghazi au cœur de la contestation contre le régime en place. Un médecin de l'hôpital de cette ville a indiqué de les corps de quelque 200 manifestants tués par les forces de sécurité libyennes ont été transportés ces derniers jours dans son hôpital. Hier, des centaines de manifestants sont revenus devant le tribunal de Benghazi, au lendemain d'une journée meurtrière au cours de laquelle les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des personnes qui venaient d'assister aux funérailles de contestataires. Cette attaque a fait, selon une source médicale, au moins quinze morts. Mais selon Mohammed Abdallah, un membre du Front national pour le salut de la Libye basé à Dubaï, le bilan pourrait être beaucoup plus élevé. Il a cité des responsables hospitaliers selon lesquels il pourrait atteindre 300 morts. Deux femmes intervenant à partir de Londres, samedi soir, citant leurs proches à Benghazi, faisaient état de 200 personnes tuées froidement par balles réelles tirées par les forces de l'ordre. Face aux manifestants, le régime a fait appel à des forces composées d'un mélange de commandos spéciaux de mercenaires étrangers et de partisans de Kadhafi armés de couteaux, de kalachnikovs, et même de missiles anti-aériens. Le journal local Quryna, citant des sources des forces de sécurité, a expliqué qu'à Benghazi, une foule qui voulait assister aux obsèques de manifestants tués vendredi a pris d'assaut samedi une caserne militaire abritant un bataillon connu sous le nom de Foudhil, qui se trouve sur l'itinéraire du cimetière. Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction de la caserne. Les militaires ont riposté à balles réelles, tuant au moins 12 manifestants et faisant un grand nombre de blessés, selon la même source. Des citoyens, sur les radios internationales, expliquent que les militaires ont tiré sur la foule au mortier, à la mitrailleuse de 14,5 mm. C'était «un massacre» de civils et les hôpitaux manquent de sang, ajoutent les mêmes sources.