Malheureusement, les soulèvements populaires ont fait plusieurs morts et des blessés dans le monde arabe cette semaine. Au moins 16 personnes ont été tuées en 24 heures. Le tourbillon de colère populaire qui avait fait tomber les régimes tunisien et égyptien continue de souffler sur le monde arabe. La Libye, le Yémen, Bahrein et la Jordanie sont sérieusement secoués par des soulèvements populaires qui exigent le départ des régimes en place. Aux commandes depuis plus de deux décennies, les régimes autoritaires au pouvoir sont décriés par les populations qui ne peuvent plus tolérer de les voir encore gouverner. Certes, les populations protestent contre la mal vie, mais aussi pour plus de dignité, de liberté et de considération de la part de politiciens «corrompus». La répression violente réservée aux contestataires a été «condamnée» et qualifiée d' «illégale» par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, les Nations unies et la Grande Bretagne. La Libye : pas moins de 84 morts depuis mardi Les manifestations populaires continuent en Libye où pas moins de 84 personnes ont été tuées et plusieurs centaines autres blessées, selon des informations en provenance de ce pays «hermétiquement» fermé aux médias et aux journalistes. Le pouvoir de Mouamaar El Kadhafi ne lésine pas sur les moyens pour se «mettre à l'abri» des regards du monde pour faire sa sale besogne qui a coûté malheureusement la vie à des manifestants dont le seul tort était de revendiquer un peu de liberté et de dignité et de meilleures conditions de vie. Internet coupé, les réseaux téléphoniques et de télévisions satellitaires brouillés, tout est bon pour que le guide libyen puisse «réprimer en silence». Mais, comme les technologies de la communication ont tellement évolué, la communauté internationale a pu accéder aux plus importantes informations en Libye. Ainsi, l'organisation Human Rights Watch (HRW) rapporte que selon ses sources, les forces de sécurité libyennes ont tué au moins 84 personnes depuis le début des manifestations mardi. S'appuyant sur des témoignages de personnel hospitalier et de témoins, HRW indique que la plupart des personnes décédées ont été «tuées par des balles réelles». La même source fait état de 49 personnes tuées jeudi (20 à Benghazi, 23 à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna) et 35 à Benghazi vendredi. L'organisation, qui se base sur des sources médicales, affirme que la plupart des 35 personnes décédées vendredi ont été «tuées par des balles réelles tirées par les forces de sécurité». «Des témoins ont raconté à HRW que les forces de sécurité, reconnaissables à leurs uniformes jaunes, avaient ouvert le feu sur les protestataires près de Fadil Bu Omar Katiba, une base de sécurité située dans le centre de Benghazi. Tandis que les manifestants réclament le départ de Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, HRW affirme que les autorités libyennes doivent arrêter immédiatement les attaques contre les manifestants pacifiques et les protéger des groupes armés pro-gouvernementaux. Les groupes mettant aux prises les anti aux et pro gouvernementaux, a été une tactique, tentée en vain, par le régime de Moubarak en Egypte en plein révolution, pour contrecarrer les manifestants. Connu pour ses sorties «loufoques», Kadhafi n'a pas hésité à sortir dans rue sous bonne escorte pour manifester avec «ses manifestants», histoire de narguer les manifestants et leurs morts. Au fond le régime, comme celui de la Tunisie et de l'Egypte, aux moments cruciaux commence à paniquer et être pris de vitesse. Ainsi, la coupure de l'accès à l'Internet pour empêcher les manifestants anti-gouvernementaux de s'organiser et de communiquer entre eux témoigne de l'affolement du régime. Par ailleurs, il est fait aussi état de l'ouverture d'une enquête sur les violences ayant marqué des manifestations anti-régime, notamment dans l'est du pays. «Le procureur a ordonné l'ouverture d'une enquête sur les raisons et le bilan des évènements dans quelques villes et a appelé à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages», selon une source sûre sous couvert de l'anonymat, sans donner de détails. C'est là aussi un signe de faiblesse du pouvoir libyen qui continue a mener des actions en catimini. HRW n'est pas seule sur le terrain de la communication, puisque l'organisation non gouvernementale Amnesty International a également rapporté le nombre de morts ainsi que les dépassement des services de sécurité et des forces de l'ordre du guide. Le gouvernement libyen n'autorise pas les journalistes et les organisations de défense des droits de l'Homme à travailler librement, selon Amnesty International, qui souligne que «le monde regarde ce qui se passe, et les forces de sécurité et leurs commandements pourront être tenus pour responsables». Les médias officiels continuaient à occulter les protestations. Depuis mercredi, l'agence officielle libyenne et la télévision nationale se contentent d'évoquer des rassemblements et des défilés pro-régime.