Le programme présidentiel des 100 locaux commerciaux par commune est entaché d'irrégularités signalées ici et là à travers le territoire national. Bien que les causes soient multiples, les conséquences sont les mêmes partout : les jeunes sont toujours dans l'attente de ce projet devenu un rêve. Ainsi, dans la commune d'Aït Aggouacha, dans la wilaya de Tizi Ouzou, les quelques locaux déjà prêts ont été livrés à des jeunes selon leurs noms et leurs liens de parenté avec certains élus locaux. Pourtant, les procédures et les critères de sélection sont clairs. La commission de wilaya présidée par le secrétaire général de la wilaya de Tizi Ouzou a fait le premier tri, se basant sur le choix de jeunes ayant bénéficié des dispositifs Ansej, Cnac et Angem. Mais surtout ceux ayant entamé déjà leurs activités ou en phase de le faire. Ajouté à cela un autre point important : le choix d'une activité créatrice d'emplois. Au niveau de la daïra, une seconde commission composée de présidents d'APC et d'élus est mise sur place. Elle est présidée par le chef de daïra et son rôle est de finaliser les listes élaborées par chaque maire. Et c'est à ce niveau que les maires et les élus «imposent» leurs connaissances, puisque le chef de daïra n'a qu'un droit de regard et de supervision et que ce sont les élus locaux qui transmettent la liste des prétendants qu'ils veulent voir bénéficier d'un local. A Aït Aggouacha, le P/APC d'obédience RCD et certains de ses adjoints ont concocté la liste qu'ils ont voulu faire passer. «Ces élus ont rendu publique une liste de bénéficiaires que la population refuse en bloc, vu que les bénéficiaires sont leurs proches et qu'ils n'ont pas le droit d'être parmi les attributaires», ont clamé trois élus de la même assemblée. Ammar Fellah, Belaïd Lakhdar et Draoui Hocine ont même sollicité le premier responsable de la wilaya en remettant une correspondance dont nous détenons une copie, où ils expliquent les tenants de cette affaire. «Nous attirons votre attention sur le fait que des incidents sont survenus lors de la publication de la liste de bénéficiaires. En effet, sur les 100 locaux réalisés, 5 cinq sont situés sur un emplacement dit de premier choix, en face du siège de l'APC ; au mépris des critères de sélection, trois parents d'élus locaux membres de l'exécutif communal se sont vus attribués ces lieux pour créer des activités déjà existantes, à savoir un café, une pizzeria et un taxiphone», ont indiqué les trois élus dans leur correspondance. La population d'Aït Aggouacha monte au créneau En réaction à cette situation, la majorité de la population a mandaté les élus contestataires pour faire la lumière sur cette affaire, en agissant dans la légalité et le droit. Pour revenir à cette liste, il faut dire qu'elle comprend trois parents des membres de l'exécutif communal, dont Hamiche Salem, neveu du 1er vice-président d'APC et membre du RCD, de S. Farid, frère de S. Belkacem, membre influent du RCD et de R. Rachid, parent de D. Hamid, 2e vice-président de la commune. Deux autres locaux dits de premier choix ont été attribués à deux handicapés moteurs dont l'un dispose de moyens immobiliers conséquents. L'autre, selon Ammar Fellah «a été scellé par l'un des indus bénéficiaires». Pour rappel, lors de la cérémonie de remise officielle de ces locaux, une vive contestation des citoyens a engendré le report de cette action jusqu'à l'ouverture d'une enquête visant à clarifier les faits. Malgré ce vent de contestation et l'irrégularité dans laquelle cette distribution a été faite, les indus occupants des lieux ont entamé des travaux d'aménagement. Hier, le wali de Tizi Ouzou a fait part de son mécontentement au chef de la daïra de Larbaa Nath Irathen qui, à son tour, a appelé le président de l'APC d'Aït Aggouacha à geler cette opération et attendre l'ouverture d'une enquête.