Les partis politiques ont différemment apprécié les nouvelles mesures annoncées lors du Conseil des ministres de mardi. Pour certains, ces nouvelles décisions constituent une étape importante dans le processus démocratique en Algérie, alors que d'autres estiment qu'il n'y aura pas de changement. Il s'agit d'un simple jeu de mots, qui sert à apaiser la contestation populaire. Joint par Le Temps d'Algérie hier, Moussa Touati, chef du Front national algérien (FNA), a déclaré que la nouvelle loi antiterroriste «est une manœuvre qui ne fait pas partie des caractéristiques d'un Etat qui veut établir la démocratie». Selon lui, l'état d'urgence ne sera pas réellement levé. Il existera encore, mais sous une autre appellation. «Le gouvernement joue sur les mots», précise-t-il. Il sera donc substitué par des mesures qui peuvent amener à plusieurs interprétations. Plus explicite, il souligne que les services de sécurité vont facilement pouvoir accuser n'importe quelle personne «de harcèlement ou de tentative de former des groupes terroristes, ou encore peut-être accusée de sabotage». Il estime qu'il appartenait aux autorités de définir la notion des mots : subversion, terrorisme, «car l'instruction a parlé d'une intervention de l'armée pour combattre les deux phénomènes, mais dans ce cas de figure, même une manifestation pacifique peut être subversive aux yeux de la loi». En ce qui concerne les mesures sociales, le président du FNA considère que ce sont des mesures de replâtrage, non étudiées, mises en place pour absorber la contestation populaire. Le RND a estimé, pour sa part, que la décision de la levée de l'état d'urgence augure de nouveaux auspices pour l'instauration de la stabilité et de la sécurité dans le pays. Le président du mouvement a appelé, par ailleurs, à la vigilance pour contrer toutes les menaces terroristes. Il explique dans son communiqué rendu public hier que «l'accent mis sur le logement et l'emploi reflète l'engagement du gouvernement à répondre aux préoccupations des citoyens». Le président du RND appelle, pour finir, à mettre en application les prérogatives des élus locaux, pour atteindre les objectifs du conseil élu.
Nouvelle étape dans le processus démocratique mais… De l'avis du président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, le Pr Boudjemaa Ghachi, «l'abrogation du décret de loi portant état d'urgence est une étape importante dans le processus démocratique en Algérie». Mais, ajoute-t-il : «Le fait de lier ce point avec deux autres lois, le premier relatif à la modification de la loi 91-23 de décembre 1991 portant sur la contribution de l'armée dans le maintien de l'ordre en dehors des cas exceptionnels, et le second amendement de l'article 125 du code de procédure pénale est une procédure ambiguë et qui ne peut être commentée jusqu'à la publication du contenu de l'amendement. Le mouvement Ennahda considère, pour sa part, que les décisions prises par le Conseil des ministres «sont de simples mesures palliatives ne constituant pas des solutions globales et radicales, visant à lever l'état de tension qui règne dans la société». Selon un communiqué rendu public hier, «le Conseil des ministres a ignoré la demande de réforme politique et le remaniement du gouvernement, qui a échoué sur tous les plans». Ennahda insiste sur l'importance d'ouvrir la porte du dialogue avec la classe politique et les composantes de la société, dans l'objectif de développer une vision économique, sociale et politique globale. Réuni hier, le bureau national du mouvement politique El Islah estime que «le pouvoir poursuit ainsi ses pratiques antidémocratiques et rend illégale toute forme de manifestation pacifique». Il conclut que «la déclaration de la levée de l'état d'urgence est un mensonge flagrant». Le FLN soutient les décisions du gouvernement Pour Kassa Aïssi, porte-parole du FLN, l'état d'urgence n'a jamais été un obstacle devant les droits individuels et collectifs. Il affirme, cependant, que «la décision d'annulation donnera l'occasion d'approfondir les droits et la pratique démocratique. Aussi, dans le but de ne pas servir comme motif de pression pour les institutions et la presse étrangère, Kassa Aïssi a mis en garde contre le risque encouru lors de l'organisation de manifestations et marches publiques.