De la restructuration de son parti, «qui va pour le mieux», à la dernière loi de finances et au code communal, en passant par les problèmes d'Air Algérie, de la question du Sahara occidental à la réouverture de la frontière algéro-marocaine, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a visiblement voulu ratisser large pour mieux convaincre et marquer ainsi son retour sur la scène politique qui coïncide étrangement avec les échéances électorales. S'exprimant hier dans une conférence de presse pour faire le bilan de l'activité de son parti, Moussa Touati a d'emblée annoncé la tenue du conseil national du FNA pour les 30 et 31 décembre. Ce dernier intervient après une longue période de restructuration «qui nous a permis de nous déplacer dans 36 wilayas, périple durant lequel nous avons rencontré plus de 11 000 militants», a-t-il dit, se réjouissant que le parti «va mieux». «Il ne reste que 10 wilayas à restructurer», a-t-il affirmé, avant de déclarer que son parti, qui sera prêt pour les élections locales de 2012, sera le principal concurrent de l'Alliance présidentielle, minimisant du coup le vent de dissidence qui le mine. «Le FNA dispose de plus de 2000 élus. Il y a 11 P/APC qui ont dévié de la ligne du parti mais qui n'ont pas encore démissionné. Nous les considérons exclus de fait du parti», a-t-il considéré pour clore ce chapitre. Le président du FNA, qui tente de faire une lecture des développements politiques tant sur la scène nationale qu'internationale, s'attaquera en premier à la loi de finances 2011. «Nous doutons de la crédibilité de cette loi que nous rejetons», a-t-il dit, «alors qu'aucun bilan des lois précédentes n'a été présenté». Moussa Touati s'interroge dans ce sillage sur les affaires de corruption qu'il lie à l'absence de contrôle. «Où va l'argent du peuple ? Comment a-t-il été dépensé ?», s'est-il emporté non sans s'interroger sur «le budget faramineux du ministère de l'Education qui ne sert pas au recrutement des enseignants ou à la construction de nouvelles infrastructures pour pallier la surcharge des classes». «Les programmes de développement engagés par l'Etat sont une brèche à la dilapidation des biens du contribuable», a-t-il affirmé. La commission d'enquête parlementaire sur la corruption demandée par certains députés est légitime, selon lui. Il considérera par ailleurs le nouveau code communal «contraire à la Constitution». «Une affaire Khalifa bis» Evoquant les derniers déboires de la compagnie nationale Air Algérie, qui a failli se retrouver sur la liste noire européenne, le président du FNA a fait une lecture de l'évènement pour le moins étrange. Pour lui, il s'agit bel est bien de prémices à la privatisation d'Air Algérie. La seule preuve pour lui est la tentative de rachat d'une compagnie française «en faillite» dont il n'a pas cité le nom par des Algériens qui devraient plutôt aider la compagnie nationale. «Il y a un complot pour la dissolution d'Air Algérie», a-t-il déclaré affirmatif. «Ce sera une affaire Khalifa bis», a-t-il prévenu. «Le Sahara occidental aura son indépendance dans un an» Evoquant la question du Sahara occidental, Moussa Touati a, tout en s'appuyant sur la demande du Parlement européen à l'ONU de constituer une commission d'enquête sur le drame qui s'est déroulé à Al Ayoune, que le «dénouement de la question sahraouie interviendra dans une année». Moussa Touati, qui soutient la position du Parlement européen, rappelle dans ce registre que la question sahraouie bénéficie également de l'appui de l'Union africaine et des pays d'Amérique latine. Les pressions des parlementaires espagnols sur leur gouvernement sont également évoquées par le conférencier pour justifier ses propos. Dans le même registre, Moussa Touati a estimé que la position de l'Algérie sur la question doit être «une position populaire», condamnant dans la foulée les attaques marocaines et ses allégations à propos de l'Algérie. «On n'est pas contre le rapprochement des peuples», a-t-il néanmoins précisé. L'ouverture des frontières terrestres avec ce pays voisin va être «imposée de l'extérieur», a soutenu Touati.