Le moins qu'on puisse dire est qu'ils portent très mal leur nom : «Les petits débrouillards». Pour une association scientifique qui vient d'organiser une exposition sous le thème avant-gardiste «la biodiversité, c'est notre vie», le choix de son appellation est sûrement mal inspiré, si l'on se réfère à ce que la «débrouillardise», petite ou grande, nous fait spontanément venir à l'esprit : tout sauf… la science. Il est sûrement rassurant, mais d'abord déroutant, de lire le compte rendu de notre correspondant local sur le sujet. Au titre «l'association Les Petits débrouillards de Tizi Ouzou organise une exposition» succède l'introduction qu'on n'attendait pas : sous le thème, «La biodiversité, c'est notre vie», l'association Les petits débrouillards de Tizi Ouzou et la ligue de wilaya des activités scientifiques ont organisé du 19 au 24 de ce mois, d'intenses activités scientifiques et culturelles à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Elle n'est pas belle, la vie ? Jusque-là, les algériennes et les algériens les plus lucides et les plus apaisés se sont toujours… méfiés des petits débrouillards. Et quand c'est leur progéniture qui accède à ce «statut», ils en tirent plus d'angoisse que de fierté. Contrairement aux «Petits débrouillards» de Tizi, les petits débrouillards tout court n'ont jamais entendu parler de biodiversité et ne fréquentent pas les maisons de la culture. Les grands débrouillards qui, comme tout le monde, commencent petits, ils… courent. Ils traquent les bonnes affaires. En anticipant la baisse ou la hausse du cours de l'euro, en allant à la rencontre des haut placés les plus facilement corruptibles, en guettant les opportunités d'achat et de vente, en arnaquant sans scrupule, en volant sans état d'âme, en agressant sans pitié et en mentant sans rougir. Les braves mamans acceptent parfois – la mort dans l'âme – le fruit de la petite débrouille mais prient en silence pour que leurs enfants ramènent moins d'argent pour avoir moins de raisons d'aller en prison. Les petits des grands débrouillards affichent dans l'ostentation et l'arrogance la «réussite» du paternel. Ils en mettent plein les yeux à tout le monde, convaincus qu'il n'y a pas de place en prison pour les grands de ce «monde». Y a-t-il une place pour les petits débrouillards de Tizi Ouzou et de Médéa qui se soucient de biodiversité, en quittant un hall d'exposition ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir