Après des consultations avec les différentes formations politiques sur les échéances politiques devant se poursuivre jusqu'à la mi-mars, le gouvernement transitoire tunisien a convenu de la tenue d'élections «au plus tard à la mi-juillet». Cette annonce, qui ne fournit pas plus de détails sur la nature de ce prochain scrutin, législatif, présidentiel ou les deux, intervient au moment où le gouvernement Ghenouchi fait face à de fortes contestations de la rue et de plusieurs partis radicaux qui réclament son départ, dénonçant les «restes» de l'ancien régime. Selon le porte-parole du gouvernement, Taieb Bakouche, le conseil des ministres a par ailleurs adopté un projet de décret prévoyant «la saisie des biens mobiliers et immobiliers ainsi que des avoirs d'anciens responsables, de leurs proches et partenaires». Une première liste de 110 personnes a été établie à cet effet, a précisé le porte-parole, sans révéler l'identité des concernés. Par ailleurs, plusieurs «mesures urgentes» destinées à promouvoir l'emploi, principal défi du pays, ont été prises par le conseil. Elles prévoient la création de plus de 100 000 postes d'emploi dans les secteurs public et privé. Par ailleurs, 50 000 jeunes bénéficieront d'une subvention mensuelle de 200 dinars pour les aider à s'intégrer dans des projets de service civil. Mais force est de reconnaître que toutes ces mesures d'apaisement ne sont pas de nature à calmer les esprits. En visite en Tunisie, le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé des Affaires politiques, William Burns, a mis en garde mercredi dernier contre les difficultés auxquelles pourraient se heurter la transition démocratique en Tunisie. Plus de 100 000 Tunisiens, selon la police, ont réclamé hier le départ du gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghenouchi, avant que des manifestants ne convergent vers le ministère de l'Intérieur. La police a dû tirer en l'air à plusieurs reprises pour tenter de les disperser. Il s'agissait de la plus grande manifestation depuis la chute de Ben Ali. Au lendemain de cette manifestation géante et des heurts qui ont suivi, deux journaux tunisiens ont averti que le pays risquait de s'enliser dans le chaos si le gouvernement transitoire reste «insensible» au message du peuple.