La semaine politique internationale est marquée par les élections présidentielles qui ont eu lieu au Brésil et en Côte d'Ivoire ce dimanche passé et par celle dite du «midterm» qui s'est déroulée hier aux Etats-Unis. L'enjeu pour chacune est évidemment différent, mais toutes renseignent sur les rapports de force qui vont être la source du pouvoir dans les pays où elles se sont produites. L'élection présidentielle, dont nous connaissons le résultat, a consacré l'ultime triomphe du très charismatique président sortant, Luis Inacio Lula da Silva, au sens où c'est la candidate choisie par lui qui a eu les faveurs des électeurs. Les Brésiliens ont voté pour Dilma Roussef, sa protégée, en signe de reconnaissance pour le bilan extrêmement positif presque en tout point de vue de Lula et pour marquer leur préférence pour la continuité du programme qui l'a rendu possible et qu'elle s'est engagée à poursuivre. Pour beaucoup d'observateurs, la passation de pouvoir que l'élection présidentielle a sanctionnée au Brésil renforce les potentialités de ce pays à asseoir son statut de huitième puissance économique mondiale, voire à se hisser plus en avant au classement du fait de la stabilité et de la continuité qu'elle a garanties. En Côte d'Ivoire, c'est dans un tout autre cas de figure qu'a eu lieu l'élection présidentielle, dont les résultats ne sont pas encore connus. Le scrutin est censé permettre au pays de sortir de la crise politique dans laquelle il se trouve depuis une décennie. Pour cela, il faudrait que les résultats de ce scrutin ne donnent pas lieu à des contestations qui relanceraient la guerre civile dont la Côte d'Ivoire a été le théâtre. A priori, le président Laurent Gbagbo est le grand favori, mais il n'est pas sûr que ses principaux rivaux, l'ancien Président Bedie et l'ex-Premier ministre Ouattara, accepteront d'abord la réalité de ce pronostic et parviendront à dissuader leurs partisans d'en contester la vérité. C'est pour la Côte d'Ivoire un moment extrêmement important où se joue son avenir. Car cette élection, ou elle clôt la crise ouverte dans le pays par le putsch de 1999, aggravée par celui raté de 2002 qui a entraîné la guerre civile et une quasi-partition de la nation, ou elle replongera le pays dans le chaos qu'il a vécu pendant des années. La troisième élection enfin est celle qui concerne la plus grande puissance du monde, les Etats-Unis en l'occurrence. Là, il ne s'agit pas d'une présidentielle mais d'élections pour le renouvellement des deux chambres, celle des Représentants et le Sénat, sièges d'un contrepouvoir déterminant à celui de la Maison-Blanche. A l'heure où cet écrit se fait, le scrutin se poursuit en Amérique, mais il y a peu de chance, selon l'avis des observateurs, que le Parti démocrate, celui de Barack Obama, remporte la victoire. Pour tous, le seul suspense est dans la magnitude que prendra sa défaite annoncée. C'est une tradition en Amérique que les élections du mi-mandat traduisent un repli du parti au pouvoir, conséquence du mécontentement et du désenchantement que l'exercice de ce pouvoir provoque inexorablement. Mais celles d'hier vont avoir une signification encore plus symbolique, à savoir, en cas de défaite cuisante des démocrates, la fin du mythe Obama qui a fait rêver les Américains et le monde. Jamais l'un de ses prédécesseurs n'a été aussi personnellement concerné par les élections de mi-mandat comme l'est Obama, dont la personnalité, les projets et la façon de gouverner sont directement mis en cause par les adversaires du camp démocrate. Ce n'est pas factuel que la campagne des républicains a vu le retour en force des idées néoconservatrices les plus radicales, qui diabolisent le principe même qu'un Américain d'origine africaine ait pu accéder à la Maison-Blanche. Une victoire des républicains de la dimension de celle prédite annoncera pour le monde le retour en force de ce courant qui a tant fait de mal à la paix et à la stabilité de la planète, et celui d'une Amérique imprévisible car dirigée alors par un président affaibli, aux pouvoirs contrebalancés par des majorités législatives acharnées à faire échouer ses desseins aussi bien politiques qu'économiques.