Des chefs tribaux, dont la puissance n'est plus à prouver, ont rejoint les rangs de l'opposition yéménite qui réclame depuis des semaines le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh, sur le trône depuis 32 ans. Ce ralliement est un coup dur pour le chef d'Etat, surtout que les deux chefs qui l'abandonnent sont issus de sa propre tribu, les Hachid, la deuxième confédération tribale du pays. Les deux dirigeants ont déclaré dans un communiqué qu'ils soutenaient avec d'autres chefs tribaux les manifestations et condamnaient la répression menée par les autorités. Hussein El Ahmar et Mohammad Abdel Illah Al Qadi ont également précisé qu'ils avaient quitté le parti au pouvoir. Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a réitéré son intention de défendre le «régime républicain» jusqu'à la «dernière goutte de (son) sang», alors que le pays sombre de plus en plus dans la violence. «Notre nation passe depuis quatre ans par des difficultés énormes (...) et nous essayons d'y faire face par des moyens démocratiques et par le dialogue avec tous les leaders politiques, mais en vain», a déclaré le Président devant les chefs des forces armées et des unités de sécurité. «Il y a un complot contre l'unité et l'intégrité territoriale de la République yéménite et nous, au sein des forces armées, nous avons prêté serment de préserver le régime républicain, l'unité et l'intégrité territoriale du Yémen jusqu'à la dernière goutte de notre sang», a-t-il ajouté. «Ce serment est toujours valable et il le restera», a encore insisté M. Saleh qui a su jouer à l'équilibriste pour se maintenir au pouvoir depuis deux décennies. Résistera-t-il à présent qu'il est ouvertement contesté par Al-Qaïda, bien implanté dans le sud-est du pays, les séparatistes qui veulent rétablir un Etat indépendant dans le Sud et une rébellion de zaïdites (chiites) dans le Nord ? Au sein même de son parti, le Congrès populaire général, les défections se font de plus en plus nombreuses à mesure que se répand la contestation. Le chef de l'Etat a réuni ses chefs militaires et sécuritaires au lendemain d'une journée sanglante à Aden, qui a vu l'armée pourchasser les contestataires de nuit dans les rues de la ville, faisant quatre tués, selon des sources médicales. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International, au moins 11 personnes ont été tuées vendredi, et 27 au total depuis le 16 février. Dans la capitale Sanaa, les étudiants poursuivaient devant l'université leur sit-in qu'ils ont juré de maintenir jusqu'à la «chute du régime».