Après avoir poussé à la militarisation de la révolte pacifique dans la Jamahiriya libyenne, Mouammar Kadhafi persiste dans sa folie meurtrière. Son armée loyale et ses milices continuent de tirer, à l'arme lourde, sur tout ce qui bouge. Les villes de Zaouïa et de Ras Lanouf sont devenus un man's land à force de bombardements aériens. A défaut de les «nettoyer» rue par rue et maison par maison, Kadhafi a choisi le tapis de bombes sous lequel opposants comme civils tentent tant bien que mal de résister. L'horreur de ces bombardements continus sont parvenus jusqu'à la chambre des communes, à Londres. William Hague, chef de la diplomatie britannique, a indiqué aux parlementaires que le Royaume-Uni détient des preuves matérielles à propos de ces bombardements aériens contre des objectifs civils. A Bruxelles, le secrétaire général de l'Alliance Atlantique Nord, Andres Hugh Rasmussen, a prévenu que de tels actes pourraient être considérés comme des crimes contre l'humanité et que la communauté internationale ne pouvait pas rester éternellement les bras croisés. Cela ne devrait plus être le cas pour très longtemps, le bloc occidental est décidé à en découdre avec l'actuel régime libyen. Face au refus catégorique de la Fédération de Russie, à propos de toute intervention militaire en Jamahiriya, et face au silence de la Chine populaire, – les deux géants tentent tant bien que mal d'étouffer la contestation politico-sociale chez eux – les Occidentaux sont déterminés à monter au front. Diplomatique, d'abord. Dans les meilleurs délais, Français et Britanniques vont déposer un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l'Onu afin d'obtenir un mandat pour l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne dans le ciel de Libye. Un embargo aérien que la Ligue arabe et les pays du Golfe ont soutenu sans réserve aucune. Maintenant que les avions Awacs ont commencé à balayer l'espace libyen, la famille Kadhafi se cherche-t-elle tardivement une sortie ? D'après une source anonyme, proche du pouvoir libyen, le soldat Mouammar est prêt à quitter la Jamahiriya avec la garantie qu'il ne sera pas poursuivi. Réponse du berger à la bergère, le Conseil national provisoire, reconnu par la France, lui a accordé 72 heures pour faire cesser les pilonnages avant de quitter le pouvoir par la porte d'El Azizia. Dépassé ce délai, le «roi rouge» devra un jour ou l'autre rendre des comptes à la justice de son pays, voire devant les juges de la Cour pénale internationale. Cependant, une question taraude l'esprit des analystes de la question libyenne : si l'homme cherche vraiment à quitter la Libye, via un corridor sécurisé, se permettra-t-il de continuer de bombarder aussi sauvagement les villes libyennes pour empêcher l'avancée des révoltés vers Tripoli ? Ne pouvant que la retarder, il se donnerait le temps de suivre l'évolution sur le front diplomatique. En clair, Kadhafi espère toujours un sauvetage in extremis de la part des puissances alliées au Conseil de sécurité de l'Onu. Cela pourrait ressembler à l'illusion qu'il a de son pouvoir, mille fois perdu.