Anadarko ne veut pas payer les impôts sur les profits exceptionnels à Sonatrach et espère gagner son procès lors d'une séance d'arbitrage internationale qui se tiendra en juin à Paris. C'est ce qu'a rapporté hier le journal américain The Financial Times, en citant des télégrammes WikiLeaks. Le groupe américain aurait menacé, si une décision favorable est prononcée à son encontre, de saisir les biens de Sonatrach à l'étranger dans le cas où les Algériens refuseraient de payer. Le litige en question oppose Sonatrach à cette compagnie américaine depuis plusieurs années. Le président d'Anadarko Algérie, Dick Holmes, a affirmé à des diplomates, selon des télégrammes datant de février 2010 divulgués par WikiLeaks et consultés par le Financial Times, que ses avocats «sont sûrs que la décision de l'arbitrage sera ‘‘exécutable'' si ce n'est en Algérie, elle le sera à l'étranger à travers la saisie des biens que détient Sonatrach à l'étranger». Toujours selon ces télégrammes, l'ex-ambassadeur américain à Alger, David Pearce, a affirmé que «si Sonatrach venait à perdre, nous pensons qu'il est très improbable qu'elle paie, Anadarko aura alors à décider de saisir les actifs de Sonatrach à l'étranger». Les responsables d'Anadarko estiment d'ores et déjà le pactole à gagner qui serait de 3 milliards de dollars, si elle gagne son procès. Pour la compagnie américaine, l'impôt sur les profits exceptionnels, introduit par un amendement de la loi sur les hydrocarbures en 2006, devrait être payé par Sonatrach. Cette taxe prévoit d'imposer entre 5% et 50% sur la valeur de la production quotidienne moyenne pendant chaque mois durant lequel le prix du baril de brut dépasse les 30 dollars. «Cet impôt, qui a coûté 193 millions de dollars (à Anadarko) l'année dernière, viole le contrat signé avec la compagnie Sonatrach en 1989», écrit le Financial Times. Selon les télégrammes WikiLeaks, l'Algérie va réagir en «nationalisant» la part équivalente aux coûts exigés par Anadarko pour payer la compagnie américaine dans le cas où l'arbitrage international tranche en sa faveur. Le journal américain avance également que la compagnie Anadarko serait en train d'envisager très sérieusement de quitter l'Algérie, étant donné que, selon Dick Holmes, «l'introduction de ce nouvel impôt fait tomber la valeur des actifs de son entreprise en Algérie de 10 milliards de dollars à 2 milliards de dollars». Contactés par le Financial Times, les responsables d'Anadarko ont décliné tout commentaire sur les télégrammes de WikiLeaks. Ils ont répondu que «nous sommes en arbitrage, et nous avons confiance que Sonatrach honorera ses engagements contractuels». Nous avons tenté hier de faire réagir les responsables de Sonatrach et d'Anadarko Algérie, mais les personnes contactés ne décrochent pas malgré nos multiples appels téléphoniques.