La reconnaissance par la France officielle des crimes commis en Algérie durant la période coloniale a constitué cette revendication unanime qu'ont exprimé ce jeudi les responsables de l'Alliance présidentielle lors d'une rencontre marquant la commémoration de la proclamation du cessez-le feu le 19 mars 1962. Ce rendez-vous qui a eu lieu dans l'enceinte de l'hôtel Riyadh de Sidi Fredj, à l'ouest d'Alger, a été marqué par l'absence de Ahmed Ouyhia, SG du RND. En revanche, les chefs de file des deux autres partis composant l'Alliance présidentielle, Abdelaziz Belkhadem pour le FLN et Bouguerra Soltani, président du MSP, ont tenu à prendre part à cette rencontre qui a drainé plusieurs représentants de différentes organisations nationales, dont Saïd Abadou, SG de l'Organisation nationale des moudjahidine (Onem) et Nourredine Benbrahem, commandant des Scouts Musulmans Algériens (SMA). Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN, a été le premier à prendre à la parole. «Il est aujourd'hui du devoir des Algériens de dévoiler, de condamner et de criminaliser les pratiques coloniales françaises et de demander à la communauté internationale de faire pression sur l'Etat français pour l'obliger à reconnaître son passé colonial en Algérie», a-t-il recommandé d'entrée. Une recommandation au sujet de laquelle le FLN ne semble guère disposé à lâcher du lest, comme en témoigne cette détermination de son secrétaire général. «Nous poursuivrons cet appel jusqu'à ce que la France officielle reconnaisse les crimes de la France coloniale», a ajouté Abdelaziz Belkhadem. Qualifiant le colonialisme «de crimes contre l'humanité», le même intervenant a décrit ce phénomène en tant que «pratique vile qui cache beaucoup de crimes, d'actes d'assassinat et de destruction sous le couvert de la civilisation et de la modernité». S'adressant aux historiens et aux intellectuels, il exhorte ces derniers à s'intéresser à l'étude du fait colonial sous ses aspects militaire, politique et socio-économique, «en mettant à nu tous ces crimes au moyen desquels on a tenté d'annihiler l'identité des peuples colonisés», a-t-il soutenu. De son côté, Bouguerra Soltani, président du MSP qui a lui aussi exigé de la France officielle de reconnaître ses crimes coloniaux exécutés en Algérie, appelle les jeunes algériens à «retenir les leçons de la glorieuse histoire édifiée par leurs aînés». Mohamed Tahar Bouzeghoub du RND a mis l'accent sur «la défense du message des martyrs et de l'Algérie face aux violents remous qui visent à la fois le monde arabe et islamique». Le projet de loi criminalisant le colonialisme qui a fait beaucoup parler de lui a été de nouveau évoqué lors de cette rencontre. Ce ne sont pas les responsables des parties composant le triumvirat de l'Alliance qui l'ont remis sur le devant de la scène, mais plutôt l'Organisation nationale des moudjahidinesm (Onem) qui, par le biais de son SG Saïd Abadou, a souligné l'impératif de relancer ce projet. Celui-ci traduit l'idée de l'éventuelle adoption d'un texte de loi qui a pour objectif de «criminaliser la période coloniale, responsable des injustices commises à l'encontre des valeurs spirituelles et matérielles du peuple algérien». Le même intervenant a qualifié par ailleurs de «duperie» et de «contre-vérités» la promulgation par l'Etat français d'un texte de loi faisant l'apologie de sa présence coloniale dans la région du Maghreb. Saïd Abadou a aussi estimé que «le temps est venu d'exiger de la France la reconnaissance de tous les crimes commis contre le peuple algérien qu'elle doit indemniser et auquel elle doit présenter des excuses».