Une foule massive s'est rassemblée hier près de l'Université de Sanaa pour les funérailles de certains des 52 manifestants tués par des tirs. Les participants à ce rassemblement sur une place devant l'Université de Sanaa débordaient sur les avenues avoisinantes, selon un correspondant qui a estimé que c'est la plus importante manifestation à Sanaa depuis le début de la contestation du régime du président Ali Abdallah Saleh, fin janvier. Les corps de certaines victimes ont été transportés sur place de l'hôpital proche des sciences et de la technologie dans la cohue. 28 dépouilles qui ont été alignées devant la foule pour la prière d'usage. La foule en colère a scandé des slogans demandant la chute du régime et le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. «Les responsables de chaque goutte de sang versée doivent en répondre», a déclaré en marge du rassemblement Ali Abed Rabbo Qadhi, chef du bloc des députés indépendants au Parlement. Le président Saleh avait regretté la mort des manifestants et affirmé qu'ils n'avaient pas été tués par des agents des forces de l'ordre. Il a décrété une journée de deuil pour hier au lendemain de l'instauration de l'état d'urgence que les militaires s'efforcent de faire respecter. Par ailleurs, la ministre yéménite des droits de l'homme, Houda El Baan, a annoncé dans un communiqué sa démission du gouvernement en signe de protestation contre la répression. Le sous-secrétaire du même ministère, Ali Taysir, a pris la même décision. Vendredi soir, le ministre du Tourisme, Nabil El Fakih, avait annoncé son départ du gouvernement Saleh pour protester contre «l'usage injustifié de la force» contre les mêmes manifestants. En début de semaine, c'était le ministre des biens religieux, Hammoud El Hattar, qui avait remis son tablier.