Omar Wahib est un ensemble de baraques dans le quartier de Zeghara, dans la commune de Bologhine que l'on peut qualifier de bidonville de toutes les contradictions. Insalubrité de l'habitat et fléaux sociaux sous toutes leurs formes et insécurité sont les premiers qualificatifs de ce bidonville. Malgré cette apparence, on y trouve également des habitants qui mènent une vie aisée. La plupart des occupants de ce bidonville sis sur les hauteurs de la capitale sont venus d'autres wilayas, fuyant la malvie et le chômage. Voila comment est né ce bidonville qui remonte à plus de 40 ans. Sans logement, ces riverains ont squatté l'endroit en érigeant sur une pente, une centaine de baraques de fortune. Cette occupation a porté un énorme préjudice à l'entourage, notamment le quartier résidentiel avoisinant. «Ce bidonville, taudis de misère qui défigure notre environnement, est la source de la délinquance qui y règne. Tous les vices sont là», déclare un habitant du quartier tout en réclamant l'éradication de cet «intrus indésirable». Selon lui, les résidants du quartier ont, à plusieurs reprises, saisi les autorités locales pour raser ce bidonville, mais sans résultat. Des contrastes frappants Au milieu de ces dizaines de baraques, on voit des tas d'ordures. Des enfants jouent au milieu des détritus et des odeurs nauséabondes qui s'en dégagent. «C'est l'odeur des égouts qui nous gêne le plus», affirme un septuagénaire, originaire de Médéa tout en déplorant l'indifférence qu'affichent les élus à leur égard. «On est vraiment abandonné», se plaint cet ancien fonctionnaire de l'APC de Bologhine qui, pour confirmer ses dires, nous invite à visiter sa petite baraque où ils sont entassés à quatre. Celui-ci déclare qu'il ne demande rien d'autre qu'une habitation décente après avoir déposé plus de 21 demandes de logement depuis 1983, année de son arrivée à Alger. Bénéficier d'un logement et d'un poste de travail pour les jeunes, c'est ce que réclament les occupants de ce taudis. «Rien qu'un logement. Nous avons l'eau et l'électricité», rétorque, ce père de famille, originaire de M'sila, qui ne s'est pas gêné pour transformer une étroite baraque en une boutique d'alimentation générale. Ce qui fait que dans ce bidonville, certains possèdent des véhicules de luxe. Selon un résidant du quartier Zeghara, «ces squatteurs sont mieux lotis que nous». La plupart de ces «envahisseurs sont des trafiquants et des voleurs, ce qui génère l'insécurité dans nos quartiers», continue notre interlocuteur. Un état de fait «qui a pris de l'ampleur et qui fait peur», ajoute un autre riverain qui évoque les nombreux vols dont ils sont victimes. Chômage et déperdition scolaire Si certains «bidonvillois» mènent une vie aisée, ce n'est pas le cas de la majorité des jeunes chômeurs, qui déplorent les interminables journées qu'ils passent à ne rien faire. La déperdition scolaire est, en effet, très répandue dans ce quartier anarchique où la plupart des enfants ont quitté les bancs de l'école parce que leurs parents n'arrivaient pas assurer la charge des frais scolaires. C'est ce que nous a indiqué un père de six enfants dont quatre n'ont pas été plus loin que le cycle primaire. Même si chacun de ces «bidonvillois» a un parcours et une histoire différente, ils ont tous un point commun : ils espèrent être relogés un jour dans une habitation décente.