Les militaires radiés en sit-in de protestation devant le siège de la présidence de la République à Alger depuis une dizaine de jours ne semblent pas être tranquillisés par les assurances données par un représentant de la Présidence et comptent maintenir leur rassemblement jusqu'à la concrétisation de leurs revendications. Le porte-parole du collectif des militaires radiés, Farid Djedi, a été reçu jeudi par un haut cadre de la présidence de la République qui lui a signifié : «Vos revendications seront satisfaites, et ce, après la mise en place d'une commission qui aura à étudier point par point vos revendications. L'Etat ne reniera jamais les sacrifices et les efforts consentis par vous tous durant la période noire qu'a vécue notre pays.» Une déclaration qui a quelque peu rassuré les protestataires mais sans pour autant les convaincre de quitter les lieux. «Notre sit-in pacifique et illimité est maintenu jusqu'à la satisfaction de nos revendications», a tenu à affirmer M. Djedi. Le haut cadre de la Présidence a demandé au porte-parole de définir les revendications à soumettre au chef de l'Etat. «Nous avons défini les points majeurs qui sont scellés et non négociables, il s'agit de la réintégration des militaires ayant moins de 40 ans, de la mise à la retraite des militaires ayant plus de 40 ans et un salaire équivalent au SNMG qui est de 15 000 DA pour la dernière catégorie qui n'est concernée ni par le premier ni par le second. Nous avons trois points et nous attendons leur satisfaction», nous a précisé M. Djedi. En faisant savoir aussi que «certains militaires ayant été radiés des rangs de l'armée pour les mêmes mesures disciplinaires que nous et ayant fait un passage par le tribunal militaire ont été réintégrés en 2009 et 2010, pourquoi pas nous ?», s'est encore interrogé M. Djedi. La professionnalisation de l'armée derrière les radiations Les différentes réformes initiées par l'institution militaire nationale, notamment dans le cadre de la professionnalisation de l'armée et le recul du phénomène du terrorisme, a précipité la radiation des militaires. «Nous respectons notre institution, nous l'avons servie et nous continuons à le faire, mais la loi du 28 février 2006 a été comme une épée qui nous est tombée sur la tête. Nous n'avons pas pris le temps de nous adapter à cette nouvelle donne. Ajouter à cela les dérapages de certains chefs d'unités militaires qui n'agissent pas selon la réglementation, qui ont falsifié des comptes rendus ou remis des comptes rendus complètement faux aux tribunaux militaires, et ce, pour nuire à tel ou autre.» Le représentant des militaires radiés a toutefois souligné que «nous ne sommes pas contre notre institution, nous avons été et nous restons fidèles à notre armée, car quoi qu'il en soit, c'est grâce à elle que notre pays a été sauvé, c'est grâce à elle que le peuple dort sur ses deux oreilles. Nous portons l'institution militaire dans nos cœurs et nous la défendrons comme nous l'avons fait depuis notre incorporation. La rigueur et la discipline sont des valeurs qui ne disparaissent jamais. Nos reproches vont à certains militaires qui ont failli à leurs missions et ne peuvent en aucun cas porter atteinte à l'armée en tant que telle». Le porte-parole souhaite que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, prenne en compte leurs revendications. «Nous attendons de notre père Abdelaziz Bouteflika un geste fort car nous sommes vraiment dans une situation critique et cette situation concerne tous les militaires radiés, nous sommes dans le besoin, aidez-nous Monsieur le Président», a conclu M. Djedi.