Les Meksi, Hamouni, Bouhella, Megharia et autres Bekakcha en ont rêvé, la nouvelle vague chélifienne va peut-être le faire : remporter enfin le titre de champion, après soixante-quatre ans d'attente. Que des tentatives infructueuses, jusque-là, pour ce club qui épisodiquement a frôlé les cimes sans toutefois pouvoir un jour y accéder. On lui a toujours reconnu un certain talent, une manière particulière d'exprimer le football, spécifique à la région qu'il représente, au point de forcer le respect et parfois même l'admiration, mais il restait cependant confiné dans un rôle d'outsider auquel il semblait destiné. Semblait seulement, car il apparaît clairement que l'ASO est décidé à s'émanciper et à se départir une fois pour toutes de son statut de second couteau. Le club voit désormais grand, même si au début de la saison, ses ambitions nouvelles n'ont pas été vraiment prises très au sérieux dans le landerneau footballistique. Il est vrai que l'on n'a pas l'habitude de compter Chlef parmi les équipes favorites pour le titre. Peu importe, dans sa quête des sommets, le président Abdelkrim Medouar a donné rendez-vous aux sceptiques à la fin de la saison. «Vous allez avoir des surprises», a-t-il lancé en guise de coup de semonce. Il faut dire que le boss de l'ASO l'a bien préparé… son coup. Il a visé juste en allant chercher son copain Meziane Ighil, auquel il a confié la barre technique. Un coach chevronné qui, plus est, a une revanche à prendre sur le sort. Connu pour son intransigeance et sa rigueur, l'ancien sélectionneur des Verts est parvenu, en un laps de temps très court, à donner une nouvelle dimension à l'équipe.
Un effectif très bien équilibré C'est ce dont avait besoin l'ASO pour franchir un nouveau palier dans son histoire. Par ailleurs, en plus de disposer déjà d'un effectif stable et de valeur, le club a procédé cette saison, à un recrutement judicieux à des postes clés. Medouar a pu, grâce à la contribution et l'aide des industriels de la région, rivaliser avec les autres clubs en matière de transferts. Les Ghalem, Senouci, Seguer, Zazou, Abdeslam, Mellouli et cerise sur le gâteau, Djediat sont venus renforcer les rangs de l'équipe et lui donner plus d'assise, de vigueur et d'expérience. Le résultat est détonnant, après dix-huit journées disputées, le bilan des gars de Chlef est impressionnant. Jamais le club n'a réalisé un parcours aussi performant. L'équipe chélifienne caracole en tête dans tous les classements, à savoir meilleure attaque, meilleure défense, meilleur buteur du championnat. Elle ne s'est inclinée qu'à deux reprises depuis le début du championnat, rendant par ailleurs une copie parfaite à domicile, puisqu'elle a remporté toutes ses rencontres chez elle. N'est-ce pas là un véritable parcours de futur champion, d'autant que ses adversaires et rivaux semblent se résigner l'un après l'autre. A cette allure, le sacre ne peut échapper à la bande de Meziane Ighil, à condition toutefois de ne pas se griser par le succès. Plus que la concurrence, c'est le plus grand danger qui la guette, d'autant que le club n'a pas l'habitude de jouer les premiers rôles. Une situation nouvelle à laquelle il doit s'adapter rapidement et ne pas se disperser pour éviter toute désillusion, surtout qu'en football tout peut changer et plus vite qu'on le pense. Cela dit, les Chélifiens ont les cartes en main, s'ils maintiennent cette cadence et ce rythme endiablé, ils seront certainement couronnés à l'arrivée. Ainsi, ils pourront ajouter une deuxième ligne à leur palmarès, après le sacre en Coupe d'Algérie remporté en 2005. Ce qui serait une juste récompense pour ce club qui a tant donné au football algérien.