Plus d'un millier de manifestants occupait toujours hier la place Tahrir au Caire au lendemain d'affrontements qui ont fait un mort, mettant en évidence les tensions autour de l'armée accusée de freiner les réformes, deux mois après la chute du président Moubarak. Les manifestants, qui ont passé la nuit sur la place dont les accès étaient bloqués par des barbelés et des poutrelles, continuaient de lancer des slogans hostiles au maréchal Hussein Tantaoui, chef de l'institution militaire au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak le 11 février. «Le peuple demande le renversement du maréchal», qui fut pendant 20 ans ministre de la Défense de M. Moubarak, lançaient notamment les manifestants, dont le nombre s'est renforcé en début d'après-midi. L'intervention de la police militaire, appuyée par la police antiémeute, contre les manifestants dans la nuit de vendredi à samedi avait fait un mort et 71 blessés selon un bilan officiel. Des sources médicales avaient auparavant fait état de deux morts. Amnesty International a dénoncé dans un communiqué «l'usage excessif de la force par l'armée égyptienne», citant sur la foi de témoignages l'usage de matraques électriques et l'envoi de véhicules blindés qui ont fait de nombreux blessés en entrant dans la foule. L'armée a nié avoir agi avec brutalité et démenti des accusations selon lesquelles elle aurait ouvert le feu sur des manifestants. Elle les a qualifiés de «hors-la-loi» en laissant entendre qu'ils pourraient agir à l'instigation de partisans de Moubarak.