Hier après-midi, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a reçu à Tripoli un groupe de présidents africains. Les présidents du Mali, du Congo, de Mauritanie ou encore d'Afrique du Sud ont tenté de convaincre Mouammar Kadhafi de la nécessité d'une trêve dans un pays déchiré par de violentes hostilités depuis plusieurs semaines. Après avoir rencontré le président Mouammar Kadhafi, les médiateurs de l'UA doivent se rendre à Benghazi, la ville fief du Conseil national de transition. Un des porte-parole du Conseil national de transition, Mustafa Galliani, a indiqué que la «délégation serait reçue avec tout le respect mérité». Les médiateurs veulent proposer l'instauration d'une période de transition et l'adoption de réformes politiques. Et pour le conseil, qui représente les opposants, il est hors de question de discuter d'une transition qui comprendrait le maintien au pouvoir de Mouammar Kadhafi ou de l'un de ses fils. Ce n'est pas négociable. Les opposants que nous avons interrogés, place de la Liberté à Benghazi hier, ont dit la même chose. «Un cessez-le-feu oui, si le régime le respecte vraiment.» Mais pour eux, il n'y aura pas de solution politique sans le départ du colonel Kadhafi. Ils n'accepteront aucun compromis. C'est la base d'un éventuel dialogue. Beaucoup de scepticisme donc avant l'arrivée des présidents du panel, attendus dans la soirée, ici à Benghazi, et même de la méfiance, car pour certains révolutionnaires, l'Union africaine est dans le camp du régime. Ils rappellent que Mouammar Kadhafi est l'artisan de l'UA, qu'il la finance, qu'il s'est autoqualifié de «roi des rois d'Afrique». Donc on l'aura compris, les opposants n'attendent pas grand-chose de cette visite, et la mission des médiateurs ici à Benghazi s'annonce très délicate. Le comité de l'Union africaine (UA) sur la Libye a réitéré hier à Nouakchott son appel à «la cessation immédiate de toutes les hostilités» et évoqué une «période transitoire» pour l'adoption de réformes dans ce pays, où la violence sévit depuis la mi-février. Composé de cinq présidents de pays africains, le comité réclame aussi «l'acheminement diligent de l'assistance humanitaire» et «le dialogue entre les parties libyennes», indique-t-il à l'issue de sa deuxième rencontre, achevée hier.