«On n'est pas encore champions, il reste onze journées à disputer au cours desquelles tout peut arriver», a déclaré le pragmatique coach de l'ASO, Meziane Ighil, juste après l'éclatante victoire de ses poulains à El Eulma. L'on convient avec lui que le championnat est loin d'être fini, mais force est de constater que le parcours de son équipe force l'admiration. C'est sans conteste celui d'un futur champion, et à cette cadence, l'ASO ne peut être rejointe. Disposant d'une confortable avance sur son poursuivant immédiat, la formation de Chlef peut voir venir et gérer la suite avec grande sérénité, d'autant que ses joueurs affichent actuellement une excellente forme, comme l'attestent leurs sorties victorieuses à El Harrach et El Eulma où il n'est pas aisé de s'imposer. Les Chélifiens l'ont fait avec l'art et la manière, se permettant le luxe de l'emporter avec des scores éloquents qui en disent long sur l'énorme potentiel de ce groupe. Au pire des cas, c'est-à-dire si l'Entente de Sétif gagne ses deux matches en retard, la Bande à Ighil conserverait sept points d'avance sur son principal rival dans la course au titre, c'est dire combien sa domination est sans partage. Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas une grosse cylindrée qui écrase la compétition, mais une équipe dont le seul fait d'arme réalisé jusque-là est une Coupe d'Algérie remportée en 2005. Il est fort probable qu'à cette ligne «orpheline» qui trône dans le pauvre palmarès de l'ASO, viendra s'ajouter une autre plus prestigieuse, dès la fin de cette saison. Ce ne serait que justice pour cette équipe qui prouve à chaque journée qu'elle mérite d'être sacrée. Si elle a bénéficié de l'effet de surprise au début, il n'en est rien à présent. Il apparaît aujourd'hui pour tout le monde que c'est un solide leader avec des statistiques impressionnantes. Meilleure défense, meilleure attaque, l'ASO domine tous les bilans avec en prime un parcours sans faille à domicile. C'est assez rare pour être souligné. Meziane Ighil, même s'il a le triomphe modeste, a su inculquer à son groupe un esprit de gagneur dont l'ASO était dépourvue auparavant. C'est cette valeur ajoutée qui a fait la différence, cette saison. Il faut dire aussi que l'équipe chélifienne nous surprend de match en match. Ses joueurs ont gagné en confiance et en maturité, à l'image de son fer de lance Hilal Soudani, le meilleur buteur du championnat et incontestablement la révélation du championnat. La formation chélifienne a montré une grande efficacité et une maîtrise de champion face à l'adversité. Elle est bien équilibrée dans tous ses compartiments, ce qui fait sa principale force et son atout majeur. Il sera dur d'aller la chercher, d'ailleurs plusieurs équipes s'y sont déjà résignées. L'ASO dégage une telle puissance cette saison que l'on voit mal comment elle peut perdre pied, maintenant que la ligne d'arrivée se pointe à l'horizon. Avec de la persévérance et le soutien de son public, elle ne peut être déviée de son objectif. Elle a toutes les cartes en main et la mainmise sur le championnat, plus que quelques coups de collier et le mur qui la sépare de son premier titre de champion sera abattu. Les Chélifiens consentiront à faire davantage d'efforts, car le jeu en vaut la chandelle. Pour les onze matches qui lui restent à disputer, l'ASO recevra à six reprises pour cinq sorties. Elle aura l'avantage d'évoluer chez elle deux fois de suite respectivement face au Khroub et Annaba, avant d'aller défier l'ESS chez elle. Un calendrier favorable au leader, surtout qu'il peut concentrer tous ses efforts dans le championnat contrairement à ses rivaux qui se battent sur plusieurs fronts et qui vont certainement laisser des forces en cours de route. Si Chlef doit remporter le titre, c'est l'année où jamais, puisque tous les feux sont au vert. Elle a fait jusque-là le plus gros du travail, il lui reste désormais à confirmer son ascendant sur les autres équipes. Une tâche dans les cordes des camarades de Zaoui surtout s'ils continuent à évoluer avec autant d'aisance et de sérénité. Meziane Ighil en coach avisé, ne veut pas brûler les étapes, pour autant. Pour lui, le parcours de son équipe est juste bon, sans plus. Une manière de maintenir son groupe sous pression surtout qu'il risque d'être grisé par le succès. C'est le plus grand danger qui guette sa troupe à ce moment crucial de la compétition. Il est vrai que ce n'est guère le moment de se disperser, les dirigeants de Chlef en sont conscients, ils feront en sorte de maintenir l'équipe concentrée sur son objectif. Un rôle qui incombe en premier lieu à leur président, Abdelkrim Medouar, qui est pour beaucoup dans la réussite des Olympiens cette saison, faut-le préciser.
