Le printemps arabe serait-il en train d'installer ses quartiers dans les jardins de Buckingham Palace !? Ce n'est pas tout à fait un canular, le gouvernement britannique réfléchit à modifier les règles d'accession au trône. A deux semaines du mariage princier de William et de Kate Middleton, Londres envisage sérieusement de changer la vieillotte pratique : si le premier enfant est une fille elle pourrait devenir reine et ainsi chambouler l'ordre de succession actuel qui place les garçons devant leurs sœurs. Une véritable révolution chez les Windsor qui jalouseraient certains de nos dirigeants arabes qui n'ont demandé permission à quiconque pour commuter les républiques qu'ils dirigent d'une main de fer en de fabuleuses monarchies. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais ni Moubarak ni Ali Saleh, moins encore Kadhafi, n'auront réussi à propulser leurs fils respectifs au pinacle. On ne s'invente pas roi par la grâce d'urnes tellement bourrées qu'elles finissent par être intransportables. Bien qu'il soit beau et fleuri, le printemps arabe va devoir se choisir d'autres lieux que chez Sa Majesté la reine. Il semblerait qu'il en a repéré un, quelque part sur une île qui compte parmi les tout derniers bastions du communisme. Cuba, où l'on ne roule pas que des cigares, mais où l'on tente tant bien que mal de résister à l'impérialisme US par le biais d'un autre ordre de succession : le camarade Fidel qui n'a pas trouvé mieux que son frère Raul pour lui céder son vieux fauteuil présidentiel. Une autre saga familiale qui risque de ne pas se terminer en java, le vent de la démocratisation, qui continue de balayer le grand Moyen-Orient, a fini par atteindre les rivages de l'île castriste. S'exprimant lors de l'ouverture du congrès du parti communiste cubain, Raul Castro a préconisé la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux, d'une durée de cinq ans chacun. Une révolution en soi. Il faut dire que les septuagénaires, voire les octogénaires, qui président aux destinées de Cuba ont fini par se rendre compte que le gouvernement ne disposait plus d'une réserve de remplaçants bien formés, dotés d'une expérience et d'une maturité suffisantes. Et qu'en vérité, les pays ne sont plus en mesure de faire de la résistance. Raul a regretté amèrement que le problème du vieillissement dans les hautes sphères de l'Etat n'ait pas été réglé bien avant. Dans la vie d'un communiste, qui sert fidèlement les intérêts des puissants camarades, on ne fait pas que les bons choix. Parce qu'il y en a de mauvais qu'il faut se dépêcher de les rattraper. Lors du discours d'ouverture, Raul Castro a présenté pas moins de 311 projets de réformes, tous visant à sortir l'île de la crise économique. Fini le temps du congrès fondateur du parti qui officialisait la mise en œuvre d'un système d'inspiration soviétique à Cuba. Adieu les «libertas», les rations alimentaires offertes depuis des décennies aux Cubains. Le libéralisme finirait par triompher sur l'île castriste (à quand en Corée du Nord ?), au grand dam de la Fédération de Russie et de la Chine populaire qui peinent à freiner l'occidentalisation imposée à ses alliés d'Afrique et du Moyen-Orient. Le VIe congrès de l'unique parti cubain s'annonce économiquement historique, les réformes politiques ne devraient pas intervenir en chaîne, en marge de ce conclave qui tend à rajeunir la classe dirigeante. C'est toujours bon à prendre, doit penser le président Obama qui, depuis son arrivée à la White House, n'a cessé de tendre la main au régime de La Havane. Car, faut-il se l'avouer, les impressionnants défilés militaires, la bastonnade contre les dames en blanc et l'emprisonnement systématique des dissidents politiques finiront bien par partir en fumée. Désormais, le célèbre cigare cubain aura une toute autre saveur.