Le directeur de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou vient d'exhorter les pouvoirs publics à redoubler d'efforts afin de promouvoir la langue amazighe. Il suggère la création d'une académie de langue amazigh et un centre d'aménagement linguistique. Lors d'une conférence de presse qu'il a tenue hier à l'hôtel Lala Khadidja de la ville des Genêts, Ould Ali El Hadi a estimé que «le développement et la promotion de tamazight nécessitent la création d'une telle institution qui sera dotée de scientifiques et de chercheurs spécialistes. C'est à eux qu'incombera la responsabilité de mener à bon port notre langue». Il s'agit notamment de la transcription de la langue, car jusqu'à présent, les avis diffèrent. Mais «la transcription latine demeure la plus adaptée», pense-t-il. Le conférencier a jugé que le HCA (Haut commissariat à l'amazighité) n'est plus en mesure d'assurer cette tâche malgré, tient-il à rappeler, que celui-ci «a grandement contribué depuis le 8 avril 2002 à consolider les acquis des luttes pour l'identité amazigh». Ainsi, après la première dame du Parti des travailleurs (PT) qui a plaidé lors d'un meeting jeudi dernier à Tizi Ouzou pour la création d'un secrétariat d'Etat de la promotion de la langue amazigh, voilà qu'un autre responsable, apolitique, lui emboîte le pas en parlant d'académie de langue amazigh. D'emblée, le directeur de la culture a déclaré que «le printemps du combat pour les libertés, l'identité et l'Etat de droit se confirme chaque jour davantage comme un repère incontournable dans la lutte des Algériens pour le recouvrement de leur histoire». Il dira ensuite que «le 31e anniversaire du printemps berbère doit être un moment d'hommage, de bilan et de perspectives». S'agissant de l'enseignement de tamazight, le conférencier dira que celui-ci «doit être généralisé et rendu obligatoire au niveau de tout le territoire national». Le ministère de l'Education nationale est sollicité à cet effet. Allant plus loin, le même orateur qui se dit toujours militant du MCB (Mouvement culturel berbère) qu'il ne «quittera à jamais» expliquera que c'est avec ce «combat constructeur, par la production littéraire cinématographique et culturelle que nous pourrons satisfaire notre principale revendication, à savoir faire de tamazight une langue nationale et officielle». Sur ce dernier point, et en militant de cause qu'il était et qu'il dit demeurer, Ould Ali dira que «c'est une chose inévitable. Seulement, souhaite-t-il, «nous espérons qu'elle se fera sans émeutes ni pneus brûlés ni prisons et surtout sans effusion de sang». A la question de la double casquette dont il est accusé à chaque fois, sachant qu'il est militant du MCB et commis de l'Etat de par sa fonction, il répondra : «Cela ne me gêne aucunement du moment que je suis un citoyen algérien à part entière et qui vit son identité. Au contraire, dira-il en s'adressant aux associations, «il ne faut plus regarder cet Etat du mauvais œil, mais il faut solliciter son aide». Il donnera ainsi l'exemple de la ministre de la Culture, originaire de Tizi Ouzou, et qui n'hésite jamais à apporter son soutien à l'institution qu'il dirige. «Les associations amazighs ne sont jamais lésées», tranche-t-il. À ses détracteurs qui l'accusent d'encourager l'activité folklorique au détriment de celle scientifique, le conférencier rappellera que «14 conférences sont programmées au chef-lieu de Tizi Ouzou et 30 autres au niveau des daïras à l'occasion de la semaine de l'Amazighité», avant de conclure que «des enseignants universitaires, des chercheurs et des historiens viendront débattre de la question amazigh».