L'entrée principale du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha, à Sidi M'hamed, est quotidiennement bloquée. Les ambulances trouvent des difficultés pour arriver au service des urgences. A cause des clandestins et des voitures des visiteurs qui empêchent la circulation fluide entre les bâtiments de l'hôpital. Le centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha est devenu un parking partagé entre les clandestins et les voitures qui viennent de l'extérieur pour déposer un malade ou lui rendre visite. Ces clandestins garent leurs voitures à l'entrée de l'hôpital et attendent les malades accompagnés de leurs familles, la clé de la voiture bien mise en évidence pour se faire remarquer de sitôt. Ils disent : «Clandestin ! Où voulez-vous aller ?». Ces clandestins passent pour des habitués de cet endroit. «Nous gagnons beaucoup en travaillant dans l'hôpital. Nos clients sont souvent des malades et leurs familles. Mais nous travaillons aussi avec les autres citoyens», nous dit un taxieur clandestin. Les tarifs varient énormément en fonction de la destination demandée. Les clients, vu leur état de santé des plus fragiles, souhaitent le plus souvent rentrer directement chez eux, évitant ainsi les escales que nécessitent les déplacements par bus ou par train. Qu'en est-il des tarifs ? «Les prix des courses en aller seulement sont proposés entre 200 DA pour Alger-centre et 2000 DA pour les autres wilayas du centre du pays telles que Blida et Médéa. Mais nous ne faisons pas de longs trajets». Les prix sont fixés en rapport avec le trajet et le temps mis à le parcourir. Ces travailleurs au noir ne trouvent pas des difficultés en stationnant dans l'enceinte de l'hôpital, devant les regards de la police et les agents de sécurité qui surveillent les lieux. «Nous n'avons pas de problème avec la police. Nous travaillons devant eux. Ils nous connaissent tous.», assure-t-on. Selon les agents de sécurité «chaque agent s'occupe du parking de son service. Il ne laisse personne garer sauf les concernés comme les médecins, les malades dans un état grave. A l'extérieur des services, c'est la police qui s'occupe du stationnement des voitures». Ce manège se déroule devant les yeux de tout le monde : l'administration, la police, les responsables, le chef du parc... Il reste que les clandestins bénéficient d'une belle couverture : comme l'hôpital est accessible aux visiteurs véhicules, ils peuvent y entrer sans grandes difficultés. «Ces clandestins travaillent en collaboration avec les services concernés. Ces derniers s'occupent de la circulation et du parking des voitures dans l'hôpital. Ce sont eux qui décident qui doit stationner et qui ne le doit pas», confirment des agents de sécurité. Cet état de fait existe depuis des années. Les malades et les visiteurs ont même appris à faire avec. D'après une malade qui suit des séances de chimiothérapique «souvent le parking est saturé. Les agents de sécurité interviennent rarement pour libérer des places. D'ailleurs, cet hôpital est connu par son parking qui est utilisé par n'importe qui». D'autre part, il faut avoir une carte pour avoir le droit au stationnement. Le parking ne doit être utilisé que par les travailleurs de l'hopital notamment les responsables et les medecins mais ce n'est pas le cas. Il y a des habitants des quartiers voisins qui ont cette carte ! D'où se sont-ils procuré cette carte ? «Ils bénéficient d'une connaissance de l'intérieur ainsi que de la complicité de quelques policiers», indique-t-on. Ce problème a mis les employés en colère. En effet, ces derniers n'ayant pas de cartes ne peuvent pas garer leurs voitures à l'intérieur, contrairement à d'autres portant étrangers à l'établissement. «Je laisse ma voiture à l'extérieur bien que je sois prioritaire», affirme un fournisseur de l'hôpital. C'est le cas d'une vendeuse dans un magasin de vêtements qui laisse sa voiture souvent dans l'hôpital. Elle nous dit : «Je connais quelqu'un qui travaille dans cet hôpital. Il m'a présenté les agents de sécurité. Maintenant tout le monde me connaît. Je récupère ma voiture à la fin de la journée, quand je ferme ma boutique». Le métier de taxi clandestin serait aussi pratiqué par des employés de l'hôpital. «Je travaille à l'intérieur. Mon salaire ne dépasse pas les 15 000 DA. Dès que je termine mes horaires de travail, je deviens taxieur clandestin», confie un agent de l'administration.