A moins qu'il ne faille absolument respecter une succession cyclique par la force des choses devenue quasiment «naturelle», il va être difficile pour le gouvernement et les «partenaires sociaux» de convaincre de l'utilité de la prochaine tripartite. Mais c'est peut-être de son opportunité plus que de son utilité qu'il s'agit. A voir les colères qui s'accumulent, les termes et les formes dans lesquels elles s'expriment et l'identité de ceux qui les incarnent, on se demande en quoi l'UGTA, le patronat et peut-être bien le gouvernement sont… concernés ! D'autant plus que pour cette «triangulaire» qui a l'habitude de voler au secours de victoires, il sera malvenu cette fois-ci de faire semblant de négocier, de faire des compromis et surtout de décider ce qui a été … décidé à un autre niveau de la responsabilité… politique ! D'abord parce qu'il est difficile d'imaginer un front social si exigeant depuis quelque temps, qui a atteint un rare niveau de mobilisation et arraché une rare disponibilité à l'écoute, de ne pas «rester sur ses victoires». Et se faire embarquer dans une représentation dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle a toujours été contestée, un gouvernement qui n'auras sans doute rien à donner d'ici là et un patronat qui va certainement mettre l'entreprise au cœur du débat, ce qui n'a jamais été le cas jusque-là. Ce n'est certainement pas par hasard que Réda Hamiani, le président du Forum des chefs d'entreprises, a déjà opportunément introduit le débat, en commençant par dire, sur le ton de l'avertissement, que «cette rencontre sera moins imprégnée d'unilatéralisme» ! Et de confirmer : «On va certainement procéder à l'évaluation de la politique économique menée jusque-là. Nous allons donner notre avis sur les différents chantiers qui nous concernent. Les chefs d'entreprises seront appelés à s'exprimer sur toutes les mesures qui sont de nature à relancer l'emploi, et comment les autorités comptent traduire sur le terrain les mesures qui seront dégagées». C'est donc d'«une toute autre tripartite qu'il s'agira pour le patronat qui semble découvrir à l'occasion qu'il faut bien «associer les partenaires et revoir le contenu des politiques économiques.» Reste à se poser la question si le gouvernement viendra avec des mesures notables en matière de politique économique, qui le sortira à l'occasion des urgences sociales qui constituent l'essentiel de son action depuis un moment. Et si l'UGTA songe à négocier autre chose que ce qui a été déjà acquis. Et penser – si ce n'est pas trop lui demander – à ses problèmes de représentation. Tout ça est déjà loin du front social, entré, lui, carrément dans une autre logique. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir