La rencontre, qui achoppera sur le projet de loi sur les hydrocarbures, ne débouchera sur aucun accord précis. Comme nous l'annoncions dans notre édition de lundi, c'est aujourd'hui que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, doit recevoir le secrétaire général de l'Ugta, Abdelamadjid Sidi Saïd. Loin d'être assimilé à ces rencontres classiques qui préparent les tripartites et bipartites, ce rendez-vous se penchera au contraire sur le projet de loi sur les hydrocarbures, dont la Centrale avait été destinataire dimanche passé. C'est pour cette raison, du reste, que la rencontre se fera en présence de nombreuses autres personnes concernées par le débat. Ainsi, nous apprend-on, Ouyahia se fera accompagner par son ministre de l'Energie et des Mines, celui des Finances et plusieurs cadres du secteur, à commencer par les P-DG de Sonatrach et de Naftal. Du côté de l'Ugta, outre les secrétaires nationaux en charge des affaires économiques, de l'organique et des conflits sociaux, seront également présents de nombreux syndicalistes représentant la base. Nos sources, qui attachent la plus grande importance à cette rencontre, n'en précisent pas moins qu' «il ne faut en attendre aucune décision concrète, et encore moins un quelconque accord». Même si a priori, la Centrale se déclare «satisfaite par les réaménagements introduits dans le texte lesquels reculent sur la privatisation déguisée de la Sonatrach et la mise à l'écart de l'Etat au profit d'une autorité chargée de collecter les taxes et d'attribuer les concessions», il n'en demeure pas moins qu'elle veut s'accorder tout le temps nécessaire de la réflexion et de l'étude avant de décider quoi que ce soit. Dans ce contexte, des sources proches de la Centrale nous indiquent que «le texte a été soumis à l'appréciation d'experts chevronnés du domaine, connus pour leur probité morale, afin d'en étudier l'ensemble des contours et des probables conséquences futures». Ce n'est que sur la base des rapports attendus, dans une semaine ou deux au moins, que la direction nationale de l'Ugta s'adressera à la base pétrolière que représente la fédération de Mohamed Lakhdar Badreddine, afin de recueillir son avis sur la base du texte et des études établies en ce sens par les experts cités plus haut. Sans doute faudra-t-il attendre la fin de ce mois donc avant que la position officielle et publique de l'Ugta ne soit connue. Celle-ci, croit-on savoir, «chipotera» surtout pour la forme sur certains points de détail, puisque l'essentiel a déjà été obtenu. Pressé d'en finir, Chakib Khelil, qui estime qu'un énorme retard dans le secteur a été accumulé à cause de ces blocage, souhaite lui aussi aller aussi vite que possible. C'est pour cette raison sans doute, qu'il faut s'attendre à ce que le texte soit soumis en priorité au Parlement dès l'ouverture de sa session de printemps, une fois adopté par les conseils de gouvernement et des ministres. Il ne fait aucun doute, dès lors, que nous ne risquons pas d'assister à un scénario pareil à celui de 2002 où l'ancien texte avait poussé la Centrale à bloquer tout le pays pendant deux jours, forçant le gouvernement à geler son texte et à s'en aller revoir sa copie. Partant de ces constats, et comme nous l'annoncions dans une précédente édition, la tripartite sera une fois de plus reportée puisqu'il est devenu difficile de se pencher sur plusieurs dossiers à la fois, notamment des thèmes aussi lourds que peuvent l'être la privatisation quasi totale du secteur public d'une part et la politique économique future des pouvoirs publics vis-à-vis de ses différents partenaires d'autres part. C'est ainsi que le ministre de la Petite et Moyenne entreprise, Mustapha Benbada, a annoncé que cette rencontre tripartite ne se tiendra finalement pas avant la fin du mois de mars prochain. Prévue initialement pour la fin de l'année passée, elle a été reportée de semaine en semaine avant de se retrouver «reportée» quasiment aux calendes grecques tant de profonds désaccords semblent être apparus, notamment à cause de certains points revendiqués par les organisations patronales et sur lesquels le gouvernement refuse catégoriquement de céder. Il s'agit essentiellement de l'amnistie fiscale pour les investisseurs véritables, mais aussi d'un régime préférentiel en direction des opérateurs algériens dans le cadre de la vente des entreprises publiques algériennes. Le gouvernement Ouyahia qui lorgne ostensiblement du côté des capitaux étrangers pour la réussite de cette opération, ne peut aucunement satisfaire de pareilles demandes sans risquer de faire fuir assez durablement les potentiels investisseurs étrangers. Il est à rappeler que plusieurs dossiers seront inscrits à l'ordre du jour de cette rencontre dont le plus important est celui relatif à l'élaboration du pacte national économique et social entre les trois partenaires. Selon des sources concordantes et recoupées, un pareil pacte ne pourra pas être contracté avant une ou deux années, l'objectif de cette première rencontre étant surtout de défricher le terrain, d'ouvrir le débat et pourquoi pas, de mettre en place des commissions tripartites chargées de plancher sur les différents dossiers liés à ce sujet. Il est prévu également que le gouvernement présente à cette occasion, le bilan des entreprises privatisées au profit des travailleurs. Les travaux de cette tripartite porteront également sur l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 fixant le Snmg à 10.000 DA, ainsi que sur le dossier de la stratégie industrielle des entreprises publiques. En outre, le dossier portant sur l'amélioration du système de sécurité sociale avec ses différents aspects qui concernent essentiellement les pensions de retraite, les droits des assurés et le rôle des mutuelles, sera également discuté lors de cette nouvelle édition de la tripartite.