Séisme au Fonds monétaire international (Fmi). Son directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a été inculpé dimanche d'agression sexuelle, de tentative de viol et de séquestration par le parquet de New York après les accusations d'une employée d'un grand hôtel de la ville. C'est surtout la vie politique en France qui en prend un coup, puisque l'ancien ministre de l'Economie met sans doute un terme à sa carrière au FMI et à ses ambitions présidentielles en 2012. Il est notamment présenté dans les enquêtes d'opinion comme le candidat le plus dangereux pour le président sortant Nicolas Sarkozy, dont la candidature à sa propre succession ne fait guère de doute. Strauss-Kahn a été interpellé à l'aéroport JFK et placé en garde à vue pour être présenté à la justice américaine. Une plainte à son encontre a été déposée samedi par une femme de chambre selon laquelle le DG du FMI «aurait tenté de l'agresser sexuellement». Parvenant à s'échapper, elle a prévenu la direction de l'hôtel qui a appelé la police. Le patron du FMI aurait alors quitté rapidement les lieux pour se rendre à l'aéroport. Le DG du FMI qui ne bénéficiait pas de l'immunité diplomatique a été débarqué de l'avion dont le vol en direction de Paris a été retardé par la police. Selon la législation de l'Etat de New York, une fellation non consentie est considérée comme un acte sexuel criminel. Interrogé par courrier électronique, Benjamin Brafman, l'avocat chargé de le représenter, a annoncé qu'il plaiderait non coupable. Par ailleurs, un avocat français de Strauss-Kahn a invité à la prudence. «Il faut attendre que les choses soient décantées et voir si c'est réel ou une provocation», a déclaré Me Léon-Lef Forster. Cet homme politique français n'en est pas à sa première «dérive». En 2008, il s'était retrouvé au centre d'une controverse, accusé d'avoir eu une liaison avec l'une de ses subordonnées, Piroska Nagy, cadre d'origine hongroise employée au département Afrique du FMI. Mais une enquête interne avait conclu à l'absence d'«abus hiérarchique», et il avait présenté des excuses en reconnaissant «une erreur de jugement». Qualifié de notoire coureur de jupons pour ses aventures, dont certaines n'ont pas été ébruitées à temps, Strauss-Kahn risque gros et certains observateurs se sont précipités pour dire que «l'homme politique est fini». C'est en ce sens que Jacques Attali, l'ancien sherpa de François Mitterrand, évoque la thèse d'une «manipulation», mais estime qu'il ne «pourra pas être candidat à la primaire». Même son de cloche chez Marine Le Pen, la présidente du Front national, qui a estimé que cette inculpation portait «un coup d'arrêt définitif» à sa candidature. En termes crus, elle a évoqué avec la presse la «relation assez pathologique qu'entretient M. Strauss-Kahn à l'égard des femmes». «La parole va se libérer et démontrer que M. Strauss-Kahn a semble-t-il un comportement depuis de nombreuses années connu de tous, caché par tous parce que c'est un petit peu le système en France», a-t-elle dit. Au parti socialiste, bien que la retenue soit de mise, la secrétaire générale Martine Aubry a qualifié l'affaire «de coup de tonnerre» en appelant «à attendre la réalité des faits et à respecter la présomption d'innocence, à tous de garder la décence nécessaire». Elle a demande aux socialistes «de rester unis et responsables.» Ségolène Royal est également d'accord : «Tout reste à vérifier», estime l'ancienne candidate à la présidence. François Holland appelle lui aussi à «la retenue», tandis que Stéphane le Foll, un de ses proches, assure que «c'est à DSK et à lui seul de décider ce qu'il doit faire». La présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, s'est émue d'une affaire «très grave» qui entache l'image de la France. Pour François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, «tout ceci est absolument confondant, infiniment troublant et navrant». «C'est affreux pour l'image de la France (...) Ces événements, leur annonce, sont lourds de conséquences dans le monde entier», a-t-il déclaré. Pour sa part, l'exécutif français se montrait prudent sur le sujet, et la présidence s'est refusée à tout commentaire. Le porte-parole du gouvernement, François Baroin, a indiqué qu'il fallait «être d'une extraordinaire prudence dans l'expression, dans l'analyse, dans les commentaires et dans les conséquences». «La position du gouvernement français respecte deux principes simples : celui d'une procédure judiciaire en cours sous l'autorité de la justice américaine (...) et le respect de la présomption d'innocence», a-t-il expliqué.