La grève illimitée à laquelle a appelé l'intersyndicale de la santé publique a été largement suivie hier au premier jour de son déclenchement. Le taux de suivi est estimé à 72% à l'échelle nationale, «en dépit des menaces du ministre de la Santé», selon le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Le ministre de la Santé, Djamal Ould Abbas avait menacé la veille les grévistes de ponction sur salaires et de poursuite en justice. Cette menace qualifiée de «provocante» n'a fait qu'encourager les praticiens de la santé à adhérer massivement à la grève à laquelle a appelé l'intersyndicale de la santé publique, analyse M. Merabet. Le taux de suivi est estimé dans certaines wilayas à 90%, notamment à Tizi Ouzou, Blida, M'Sila, Taref où il est de près de 95%. Au centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha à Alger, une centaine de spécialistes s'est rassemblée au centre de l'établissement pour protester et dénoncer les «dérives» du ministre et afficher leur adhésion au mouvement de grève. Au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), les patients exprimaient leur indignation face à ce qu'ils qualifient d' «agissements irresponsables» des médecins, qui prennent en otage des malades. Rencontré sur les lieux, le représentant des spécialistes du même établissement sanitaire, le Dr Ouaret, spécialiste en chirurgie générale, s'est déclaré «très satisfait» du taux de suivi, qui avoisine les 80% au niveau de Mustapha Pacha. «Pour ce premier jour, le taux de suivi est appréciable. Il dépasse largement les 80%. L'activité est complètement à l'arrêt dans tous les services, notamment au niveau des consultations et blocs opératoires. «Le CPMC est complètement paralysé», a-t-il indiqué. Il a ajouté que le ministre n'a respecté aucune de ses promesses. Concernant les augmentations salariales annoncées, il affirme que «rien n'est concret, ce ne sont que des promesses. Le régime indemnitaire n'a pas été abordé et le statut particulier n'a pas été amendé. Le ministre ne doit sûrement pas parler de nous. Il parle des médecins généralistes, «Le service minimum est, selon lui, assuré. Tout médecin consciencieux doit assurer le service minimum», a-t-il précisé. Interrogé sur les menaces du ministre, le Dr Ouaret a estimé que c'est le risque à assumer. De son côté, le Dr Merabet a indiqué que le ministre avait mieux à faire que de «maintenir le cap dans le sens négatif». «Nous l'interpellons, précise-t-il, à respecter la réglementation prévue par la loi dans ce genre de conflit et dans un sens positif.» Le SNPSP, qui se dit ouvert à tout dialogue constructif, maintient la pression et affirme que la grève sera poursuivie jusqu'à prise en charge effective des doléances des praticiens de la santé. Il y a lieu de rappeler que le syndicat de Merabet a été invité à une rencontre de conciliation le 10 mai dernier par la tutelle, mais aucun accord n'a été conclu. «Le ministère s'est confiné dans une position négative et a même privé le syndicat du droit à l'information.» Les médecins généralistes et les dentistes n'ont pas suivi Les médecins généralistes et les chirurgiens dentistes n'ont, par ailleurs, pas adhéré au mouvement de grève illimitée. Selon des sources crédibles, le taux de suivi n'a pas dépassé les 9% à l'échelle nationale. Le taux de suivi des médecins généralistes est de 3,6%. Contacté par nos soins, le président du syndicat national des médecins généralistes de santé publique, le Dr Salah Laouar explique que ce faible taux de suivi «dénote la représentativité effective du SNMGSP, sur l'ensemble du territoire national». Et d'ajouter : «90% des médecins généralistes n'ont pas adhéré au mot d'ordre de grève.» Il cite à titre d'exemple 2 médecins grévistes à l'EPSP de Dergana, 9 médecins grévistes à Berraki, 5 généralistes L'EPSP de Zéralda et 0% à Ouargla. Cela témoigne, selon la même source, de la satisfaction de l'ensemble des médecins généralistes qui restent solidaires de leur syndicat. Le SNMGSP dénonce par ailleurs avec force les pressions et la campagne de menace qu'exercent les représentants du SNPSP dans plusieurs centres de santé et polycliniques.