Ce qui était impensable il y a quelques jours est devenu réalité. La ville de Tizi Ouzou, «nettoyée» des milliers de trabendistes qui se sont partagés le moindre espace de ses trottoirs, a retrouvé son image d'antan. L'opération coup-de-poing menée par les services de sécurité contre la pieuvre du marché informel a redonné aux différentes artères de la capitale du Djurdjura son vrai visage. «On dirait que la ville a fait sa toilette des grands jours», nous dira un commerçant de la rue principale, le sourire jusqu'aux oreilles et visiblement soulagé par ce qui vient d'être réalisé. Un enseignant à l'université Mouloud Mammeri, questionné à ce propos dira : «Ce n'était pas un des douze travaux d'Hercule. C'était juste une question de volonté.» Il est vrai qu'en l'espace de quelques heures seulement, tout ce qui a nui à la ville des Genêts, au point de la rendre méconnaissable, a été effacé. Il suffit d'une virée dans les différentes ruelles pour se rendre compte de ce changement tant souhaité et silencieusement caressé des années durant par une population qui a appris presque à se résigner face à cette pieuvre qui a bouffé tout, jusqu'à rendre l'accès au CHU Nédir Mohamed un véritable parcours du combattant. Depuis jeudi dernier, la rue Lamali qui longe le CHU et appelée jusqu'à jeudi le «boulevard de la plage» à cause des tentes et autres parasols érigés, a opéré un virage à 180 degrés. Tout a disparu, la circulation est très fluide, les piétons ont vite repris l'habitude de marcher sur les trottoirs, les automobilistes ne sont plus harcelés par des gardiens de parkings autoproclamés qui faisaient la loi à longueur de journée et qui «détroussaient» les automobilistes. Tout a été remis en l'état et des moyens colossaux ont été mobilisés pour nettoyer les rues devenues comme des écuries d'Augias. Le dispositif déployé est toujours en place et des policiers veillent au grain pour empêcher les squatters des trottoirs de revenir sur les lieux. «Nous sommes plus que soulagés par ce qui vient d'être accompli», s'accordent à dire les personnes interrogées sur la place de Tizi. En effet, la ville, complètement livrée à l'anarchie, a sombré dans un climat délétère : insécurité, agressions, insalubrité inqualifiable, absence totale des autorités, vols à la tire, squat des trottoirs, etc., elle mérite aujourd'hui le statut de capitale du Djurdjura, même si beaucoup reste à faire. Cette grande toilette n'est pas visible au niveau de cette rue seulement, mais partout. Tous les nids de l'informel ont été effacés d'un revers de la main. Il reste cependant la nouvelle ville où cette pratique subsiste. A certains endroits, il a été érigé ce qui s'apparente à des fermes : ventes de volaille, de pintades, de coqs, de lapins, etc. Nombreux justement sont ceux qui redoutent à ce qu'une partie des trabendistes chassés du centre-ville ne prennent d'assaut la nouvelle ville, déjà livrée depuis longtemps à l'anarchie la plus totale. Le marché hebdomadaire de Azazga fermé par la population L'opération menée par les services de la police à Tizi-ville semble avoir donné de l'inspiration ailleurs. En effet, les habitants de Azazga, 37 km à l'est de Tizi Ouzou, ont empêché, samedi, la tenue du marché hebdomadaire, non pas parce que c'est un marché informel mais parce qu'une terrible insalubrité règne sur les lieux. Cette décision a été prise pour ne pas aggraver la situation déjà devenue insupportable suite à la grève des communaux. Des montagnes d'ordures s'entassent déjà au niveau de ce marché. La grève des communaux, en particulier ceux de la voirie, et au-delà de la légitimité des revendications exprimées, risque de générer un danger sur la santé publique, surtout qu'une vague de fortes chaleurs s'abat sur la région de Tizi Ouzou.