La police a donné un grand coup de pied dans la fourmilière du commerce informel sous le regard joyeux de la population qui assiste enfin au rétablissement de l'ordre dans sa ville longtemps livrée à l'anarchie et la délinquance. Tout Tizi dormait encore sur ses deux oreilles lorsque des milliers de policiers ont investi les artères de la ville à l'effet de mener la plus grande et surtout la plus attendue opération de toilettage contre le commerce informel, la délinquance et l'anarchie qui ont, des années durant, mis la capitale de cette région que l'on nommait jadis la “petite Suisse” dans un état des plus lugubres. Au réveil, la population ne s'attendait assurément pas que ce qu'elle allait découvrir à travers les rues de leur ville provoquerait instantanément ses applaudissements les plus chaleureux. “Il était temps, pourvu que ça dure et que ça ne soit pas une opération isolée de marketing politique”, murmurent les citoyens à tout coin de rue. Du côté des autorités locales, la démarche est déjà claire, définie longuement réfléchie et mûrie. “L'opération s'inscrit dans la continuité”, est-il souligné dans un communiqué de la sûreté de wilaya. Le dispositif sera maintenu en place durant au moins six mois, et peut-être même plus si nécessaire, expliquera un officier, talkie-walkie entre les mains donnant en même temps des instructions à ses troupes sur la rue Lamali Ahmed, longeant le CHU Neddir-Mohammed de Tizi Ouzou. Sur cette rue, peinte du bleu marine de la tenue des forces de police qui étaient plus nombreux que les citoyens durant cette matinée, la situation est restée calme. Sereins et vigilants, les policiers surveillaient le moindre geste. C'est la rue la plus sensible. Elle est devenue un véritable point de fixation. Un abcès. C'est dans cette rue que naquit, au lendemain des événements tragiques de Kabylie, le commerce informel avant de se propager dans toutes les artères de la ville. Un commerce informel auquel les autorités disent être désormais déterminées à mettre fin, au bonheur de la population qui fait face à des désagréments multiples. Tôt dans la matinée, vers 5h, tous les étalages et baraques érigés par ces commerçants informels qui par leur activité ont fini par gangréner toute la ville, ont été détruits par la police avant de s'attaquer à un nouveau phénomène à savoir les chiens dangereux qui pullulent à Tizi Ouzou. Mais l'opération ne s'est pas limitée au quartier des Genêts puisque la rue Chafaï Ahmed et l'avenue Abane Ramdane, communément appelée la Grande rue, touchées par les tracas du commerce informel ont été “nettoyées” par la police sous les regards complices des passants qui, chacun à sa manière, n'hésitaient pas à exprimer leur soulagement de pouvoir déambuler sans grands tracas, de voir la ville de Tizi Ouzou reprendre un peu de son image d'antan et surtout de voir l'autorité, déliquescente jusque-là, réhabilitée dans cette ville longtemps livrée à l'anarchie et la délinquance. À l'issue de cette opération coup-de-poing entamée jeudi et qui se poursuivait toujours hier, au moins 93 individus ont été interpellés et soumis à un examen de situation et 26 baraques de fortune ont été détruites par la police, a indiqué le communiqué de la Sûreté qui a insisté sur la continuité de cette opération qui a été supervisée par le wali de Tizi Ouzou, le président d'APW et le chef de sûreté de wilaya. C'est dire que la récréation est terminée pour le commerce informel dans la wilaya. Samir LESLOUS