Des bombardements de l'Otan ont visé dans la nuit de lundi à mardi des bâtiments officiels libyens dans la capitale Tripoli, dont le ministère de l'Intérieur, selon les autorités libyennes. Moussa Ibrahim, un porte-parole du gouvernement libyen, a affirmé que le ministère a été visé par l'Otan parce qu'il contenait des documents impliquant des dirigeants du Conseil national de transition. «Si l'Otan veut réellement protéger les civils (...) alors nous les appelons à arrêter et commencer à nous parler», a ajouté le porte-parole. Des tirs sporadiques, dont l'origine reste indéterminée, ont été entendus après les bombardements. Selon la télévision officielle libyenne, des frappes de l'Otan ont également touché Tajoura, un quartier de Tripoli, et Zaouïa, à environ 50 km à l'ouest de la capitale. La télévision fait état de victimes décédées et de blessés, sans autres précisions. L'Otan, depuis quelque temps, a renforcé ses bombardements sur Tripoli, dans le but apparent d'affaiblir le régime libyen et potentiellement viser Mâammar Kadhafi lui-même. Lundi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a demandé l'émission de mandats d'arrêt internationaux contre le leader libyen Mâammar Kadhafi, son fils Seif El Islam et le chef des services de renseignements, Abdallah El Senoussi pour crimes contre l'humanité. Mais le régime de Tripoli a récusé la demande du procureur de la Cour pénale internationale d'émettre un mandat d'arrêt à l'encontre du dirigeant libyen Mâammar Kadhafi. Le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim, a indiqué dans un communiqué que la CPI était «dépendante des informations fournies par la presse pour évaluer la situation en Libye». La CPI a donc tiré des «conclusions incohérentes», a-t-il ajouté avant d'inviter la communauté internationale à mener des enquêtes sur place. Sur le plan diplomatique, les appels à un cessez-le-feu ont continué de s'enchaîner. Le groupe des sages de l'Union africaine (UA) a appelé à un cessez-le-feu «immédiat» et «complet» et à la fin de toutes les attaques contre les civils, en particulier au regard des conditions humanitaires désastreuses qui prévalent sur le terrain. Le groupe s'est félicité de l'appel à un cessez-le-feu lancé par Ban Ki moon, ainsi que de celui sur la nécessité d'une pause temporaire dans le conflit fait par la Secrétaire générale adjointe de l'ONU aux Affaires humanitaires, soulignant que l'exigence d'un cessez-le-feu immédiat et d'une fin à toutes les attaques et abus contre les civils constitue le premier paragraphe du dispositif de la résolution 1973. A ce propos, la Russie a demandé hier, à Moscou, à des émissaires du régime libyen d'appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et de cesser toute action contre la population civile, a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. «Nous avons fait valoir qu'il était indispensable pour les dirigeants libyens de commencer à pleinement mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité», a-t-il ajouté. «Le principal maintenant, c'est de se mettre d'accord sur le délai et les conditions d'un armistice», a-t-il insisté. Revenant sur l'annulation de la visite à Moscou de représentants de l'opposition pour des raisons techniques, Lavrov a précisé que ceux-là sont attendus en Russie dès qu'ils pourront s'y rendre. Et d'ajouter que Moscou «enverrait des signaux aussi bien à Tripoli qu'à Benghazi». «Le principal est maintenant de concerter les délais et les termes d'un cessez-le-feu, base pour le lancement d'un dialogue national sur l'avenir du pays, sur l'avenir d'une nouvelle Libye», a estimé le chef de la diplomatie russe.