Précision n Le dirigeant libyen a affirmé que les bombardements de l'OTAN ne l'atteindront pas, dans un bref message audiodiffusé, hier, vendredi. «Je veux vous dire que vos bombardements ne m'atteindront pas parce que des millions de Libyens me portent dans leur cœur», a lancé à l'OTAN le colonel dans un message diffusé par la télévision d'Etat, peu après que Rome eut évoqué la possibilité qu'il soit blessé et en fuite. Il a remercié par la même occasion les dirigeants et chefs d'Etat qui ont demandé des nouvelles sur sa santé après un raid de l'OTAN jeudi dernier. Le message audio de Kadhafi, le dernier depuis le 30 avril, répondait aux propos du ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, qui avait jugé «crédibles» des déclarations de l'évêque de Tripoli, selon lesquelles Kadhafi serait blessé et aurait fui la capitale. Frattini avait précisé toutefois que son gouvernement ne disposait «d'aucun élément sur le sort actuel de Kadhafi». Dans une interview à Radio France Internationale, l'évêque de Tripoli, Mgr Giovanni Martinelli, a démenti avoir tenu de tels propos. «Ce qu'a dit le ministre des Affaires étrangères n'est pas vrai parce que je n'ai jamais dit que le leader libyen était blessé, ni qu'il était parti de Tripoli. J'ai simplement dit qu'il avait subi un choc psychologique dû à la mort de son fils», s'est expliqué Mgr Martinelli sur la radio française, exigeant une trêve de l'OTAN, dont «les bombes nuisent au peuple libyen». Peu avant la diffusion du message du colonel, le porte-parole du gouvernement libyen avait déjà démenti les informations relayées par Rome. «Le chef est en très bonne santé, il a un très bon moral et il est d'excellente humeur», a déclaré Moussa Ibrahim, précisant que le colonel Kadhafi se trouvait toujours dans la capitale libyenne. Les Etats-Unis ont, pour leur part, indiqué qu'ils ne disposaient d'aucun élément permettant d'affirmer que le dirigeant libyen est blessé, a déclaré, hier, vendredi, le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner. «Il y a des informations de presse selon lesquelles il a été blessé. Nous n'avons rien vu de notre côté pour confirmer ces informations», a déclaré Toner. Des frappes aériennes de l'OTAN avaient touché, jeudi dernier, le vaste complexe résidentiel du dirigeant, faisant 3 morts, dont deux journalistes, et 27 blessés, selon un bilan officiel communiqué par un responsable gouvernemental. Sur le terrain, dans la nuit de vendredi à samedi six nouvelles fortes explosions ont été entendues autour de Tripoli, ont rapporté des témoins. Selon ces témoins, de la fumée se dégageait de l'un des sites visés. Au moins 16 «civils» ont été tués dans une frappe de l'OTAN à Brega, site pétrolier dans l'Est libyen aux mains des forces gouvernementales, ont affirmé en outre les télévisions d'Etat, hier, vendredi. L'agence officielle libyenne Jana a aussi fait état d'un bilan de 16 morts et 30 blessés. Selon Jana, des dignitaires religieux, des imams, des cheikhs et des familles participant à une marche pour la réconciliation figuraient parmi les victimes. Parallèlement, le procureur de la cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé qu'il demanderait, lundi prochain, des mandats d'arrêt contre «trois personnes» pour crimes contre l'humanité. Selon lui, depuis le début de la révolte en Libye, les violences ont fait des milliers de morts et poussé près de 750 000 personnes à fuir.