Les citoyens de Tizi Ouzou sont appelés à observer aujourd'hui une journée de grève. C'est du moins le mot d'ordre lancé vendredi par la coordination des comités de villages de la daïra de Béni Douala, environ 20 km au sud du chef-lieu de wilaya. Cette action se veut un acte de solidarité avec l'otage des Ath Aissi, Bilek Mourad kidnappé par un groupe armé sur le CW 100 menant vers Béni Douala. La grève est aussi une occasion pour réclamer la libération sans conditions de Ali Hamour, 71 ans, de Mechtras, et Mourad Bilek, 18 ans, d'Ath Aissi. Une fois de plus, la population de Tizi Ouzou est appelée à faire preuve de solidarité, d'union et de «nif» (dignité), pour dire «halte aux kidnappings». Ce phénomène, faut-il le dire, a porté un coup dur à toute la région. Au-delà de la peur et du stress que vivent les citoyens de Tizi Ouzou, le phénomène en question, apparu en 2005, a des répercussions sur la situation économique de la wilaya. La fuite des investisseurs en est la meilleure preuve. Etant la cible préférée des groupes terroristes armés et des bandes qui renflouent leurs poches grâce aux rançons payées par les familles des victimes, les hommes d'affaires, les riches et les investisseurs de la région se voient dans l'obligation de délocaliser leurs commerces, entreprises ou investissements. Dans certains cas, ces cibles changent même de résidence en quittant définitivement la wilaya de Tizi Ouzou. Tout le monde sait que de cette wilaya, sont issus des hommes d'affaires de renom en Algérie qui exercent dans divers domaines, à l'instar des produits de consommation, des travaux publics, de l'hôtellerie et de la restauration. Faute de sécurité, ces derniers, malgré eux, travaillent dans d'autres wilayas. D'où, faut-il encore le dire, le marasme économique et social que vit Tizi Ouzou. Au cours des dernières actions qui ont eu lieu respectivement jeudi à Béni Douala, et vendredi à Mechtras, les citoyens ont appelé les pouvoirs publics à assumer leurs responsabilités concernant la sécurité des personnes. Un appel qui ne peut être passé inaperçu. C'est dire que la population a la peur au ventre, et a constaté l'absence d'une protection des biens, des propriétés et des personnes, que ce soit en ville ou dans les localités reculées. La dernière opération de «nettoyage» menée par les forces de sécurité à travers les artères de la ville des Genêts contre le commerce informel et «les groupes de gangs» qui sèment la terreur dans la ville a été hautement saluée et applaudie dans tous les coins de la wilaya. C'est la ville de Tizi Ouzou qui retrouve sa «petite Suisse». Un signal fort en direction des responsables de la wilaya à assurer la sécurité des biens et des personnes a été envoyé. C'est un véritable appel de détresse. Tous les commerces privés et autres activités sont appelés à être solidaires avec les familles Bilek et Hamour, car comme l'ont si bien mentionné les rédacteurs de l'appel à la grève la semaine dernière, «cela peut vous arriver à tous». Plus de soixante victimes est le nombre horrible qu'a fait le phénomène des kidnappings de 2005 à nos jours. «Un chiffre qui doit s'arrêter là», disent les citoyens de Tizi Ouzou, déterminés à ne plus abdiquer devant les ravisseurs.