Sid Ahmed Ghozali, ancien chef de gouvernement, est sorti hier de sa réserve. Il n'a pas mâché ses mots pour critiquer la situation actuelle que traverse le pays et alerter sur l'approche d'une crise aiguë si l'absence de vision, pour un changement porteur, persiste. Pour lui, les consultations politiques pour opérer un changement dans le contenu des lois dont la loi fondamentale du pays ne constituent pas une solution en soi des véritables problèmes de la société algérienne. Le respect des lois et leur application est prioritaire, selon Ghozali, pour qui «la relève des défis qui attendent l'Algérie ne se fait pas à travers le changement des lois». «Ces mêmes lois qui n'ont pas été respectées durant la décennie précédente», a-t-il souligné à sa sortie, hier, de l'audience de consultation que lui a accordée Abdelkader Bensalah, président de la commission de consultation pour les réformes politiques. M. Ghozali a été invité et reçu en sa qualité de personnalité politique. L'ancien chef de gouvernement appelle les pouvoirs publics «visibles et occultes» à examiner en profondeur les éléments qui constituent la crise en Algérie sans occulter les véritables problèmes. «J'appelle le système au pouvoir qu'autant il refuse d'aborder les vrais problèmes et d'aller en profondeur dans le traitement des sujets et des défis, autant il anticipe l'arrivée du choc qui va frapper le pays. Cela est inévitable si on persiste à refuser et à occulter la réalité que traverse le pays», a-t-il expliqué dans sa courte intervention devant la presse. Contrairement à ces prédécesseurs, Sid Ahmed Ghozali n'a pas passé beaucoup de temps avec la commission de M. Bensalah. Son audition a duré moins d'une heure et s'est terminée plus tôt que celles qui l'avaient précédé le premier jour. L'ex-chef de gouvernement et ancien DG de Sonatrach a précisé que sa participation à ces consultations émane de la culture de l'aide et de courtoisie. «La courtoisie est nécessaire mais ne peut pas exclure la franchise lorsque la question touche l'avenir du pays», a-t-il tenu à souligner, en précisant que «le devenir de l'Algérie doit s'appréhender sur la base d'une analyse et d'un diagnostic objectifs de la situation actuelle». Le corps courbé, les signes de fatigue étaient perceptibles sur son visage, mais la tonalité de sa voix est restée intacte. «Je suis là pour une seule raison qui est l'intérêt que je porte pour les préoccupations des citoyens», a-t-il dit. M. Ghozali, dont le parti (Front démocratique - FD) qu'il a créé depuis une dizaine d'années n'a toujours pas obtenu son agrément, a noté que toutes les propositions que «je vais transmettre à qui de droit», présentées à l'instance des consultations, sont enregistrées et écrites et comportent les idées, les déclarations et les mêmes positions pour lesquelles il plaide depuis plus de 20 ans.