Les dés sont jetés pour le syndicat d'ArcelorMittal Annaba, lequel a opté résolument, avant-hier, pour la grève générale et illimitée dès ce samedi et ce, jusqu'à satisfaction totale de ses revendications salariales. Les représentants des travailleurs ont, en effet, pris la décision de débrayer comme annoncé et à l'issue d'une nouvelle séance de négociations tenue jeudi avec l'employeur. Estimant que la dernière proposition de la direction d'entreprise est loin de répondre aux attentes des travailleurs, ceux-ci l'ont rejetée et ont convenu d'aller de l'avant afin de faire fléchir la direction. Un arrêt de travail qui devrait débuter à partir de midi, ce samedi, et qui devrait paralyser toutes les expéditions, tous produits confondus. Les représentants des travailleurs se proposent d'arrêter tous les laminoirs (LRB, LFR, RPA, LAC et LAC) en fin d'après-midi et de faire de même le lendemain dès 8h30 du matin, au niveau de tous les points de vente des dépôts régionaux d'Oran, Alger, Skikda et Annaba, et des structures finances, approvisionnements, DRH et DAG. Ils annoncent également qu'à partir du 31 mai dès l'aube, le mouvement s'élargira aux structures stratégiques telles que les Hauts fourneaux, à la PMA, aux Aciéries à Oxygène 1 et 2 et à l'Aciérie électrique. Ils assurent que le service minimum conventionnel sera malgré tout assuré au sein des structures concernées. Enfin, le syndicat informe les travailleurs que durant toute la durée de la grève, leurs représentants tiendront devant le siège de la direction générale deux assemblées générales par jour, à 10h et 14h. Le secrétaire général du syndicat, Smain Kouadria, a affirmé, hier, que la porte du dialogue demeure ouverte et que son souci est de faire valoir les droits légitimes des travailleurs en matière de salaires. Kouadria dénonce la disparité criante entre les salaires et les avantages distribués aux travailleurs algériens et ceux accordés aux expatriés. Le syndicaliste explique que, s'agissant des cadres, pour l'exemple, les «salaires des Algériens sont de 55 000 DA pour un cadre moyen, de 65 000 DA pour un cadre supérieur et de 90 000 DA pour un cadre dirigeant, dans le meilleur des cas pour chacune de ces catégories. Ceci alors que les dix-neuf cadres étrangers, quant à eux, bénéficient d'une prise en charge complète estimée à deux millions DA (19500 euros), bénéficient de trois mois de congé par an, en plus d'un week-end sur deux passé en famille en Europe et d'une prise en charge par l'employeur de la billetterie. Kouadria s'insurge contre le fait que les travailleurs algériens reviennent dix fois moins cher et qu'ils sont astreints à être sur site tout le temps, y compris les week-ends. Informée de l'imminence du mouvement de grève rendu public, hier, la direction générale a adressé à l'ensemble de ses effectifs un bulletin d'information afin de les dissuader de recourir à l'arrêt de travail, en rappelant à ces derniers la teneur des propositions faites au partenaire social. «Le syndicat appelle à une grève à partir du 28 mai 2011. Cet appel est lancé à un moment où la négociation autour de la question des salaires se poursuit entre la Direction Générale et le Syndicat d'Entreprise. Malgré tout ce que nous avons proposé pour éviter d'aller à la grève, le syndicat a maintenu son appel», est-il écrit dans ledit bulletin. Allant dans le détail, la direction explique qu'elle a proposé un accord salarial qui porte sur une augmentation de 24% des salaires de base sur une période de trois années se répartissant comme suit : «Année 2011 : 5% sans conditions en juin avec effet à janvier ; 3% sans conditions en septembre et 4% liés aux résultats en décembre «Année 2012 : 2% en avril sans conditions et 4% liés aux résultats en décembre «Année 2013 : 2% en avril sans conditions et 4% liés aux résultats en décembre. «Malgré tout ce que nous avons proposé pour éviter d'aller à la grève, le syndicat a maintenu son appel», se désole l'auteur de la lettre aux travailleurs. Et de poursuivre qu'il «travaille pour construire un avenir à long terme pour la sidérurgie en Algérie. ArcelorMittal a déjà montré sa volonté à travers son plan de développement pour les années à venir et il est du devoir de toutes les parties d'œuvrer pour que la construction de cet avenir puisse se réaliser». La direction se fait plus menaçante en informant ceux qui observeront le mouvement de débrayage que, conformément à la réglementation en vigueur, les journées de grève ne sont pas rémunérées.