C'est un véritable cri de détresse qu'ont lancé hier, dans la matinée, quelques-uns des 17 marins algériens otages des pirates somaliens ayant pu joindre par téléphone leurs familles en Algérie. Tel que rapporté par ces familles, le contenu de ce contact téléphonique révèle que les marins algériens «sont au bord de la déprime», pour paraphraser Mme Aït Ramdane qui a discuté avec son mari Mohamed, un des mécaniciens du navire MV Blida, comptant parmi les personnes séquestrées. «Mon mari m'a parlé de conditions lamentables. Il a qualifié ce que lui et le reste de ses collègues sont en train de subir de mort à petit feu. Il déprime et le seul espoir auquel il s'accroche désormais, c'est de voir le Président Bouteflika intervenir pour mettre fin à cette tragédie qui a vraiment trop duré», nous déclare Mme Aït Ramdane d'une voix mélancolique. Pour sa part, Mme Benkaci résidant dans la localité de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa, a également été contactée hier matin par son frère qui se trouve parmi l'équipage retenu en otage depuis maintenant près de cinq mois. «Ils ne sont pas bien, ces pauvres marins qui ne savent absolument rien du sort qui leur sera réservé (…) Je viens de raccrocher avec mon frère Achour qui est le plus jeune parmi tout l'équipage retenu en otage, il n'a que 27 ans. Il me parlait d'une voix essoufflée et empreinte de beaucoup d'inquiétude. En me parlant aujourd'hui (ndlr, hier) au téléphone, il n'a pas pu retenir ses larmes et c'est là que j'ai compris qu'il s'écroule vraiment. Je pense même qu'il est dans un état dépressif avancé», a conclu Mme Achour qui a tenu à alerter la presse du contenu de la discussion téléphonique qu'elle a eue avec son frère Achour. Jeudi dernier, les familles des 17 marins algériens ont observé un sit-in devant le siège de l'entreprise IBC sur les hauteurs d'Alger. Cette action est la deuxième du genre après celle de lundi dernier. Un autre sit-in mercredi devant la DG de la CNAN Du coup, les proches des marins, qui ont fait part à l'unisson de leur déception quant au sort réservé à cette affaire aussi bien par les autorités du pays que par les responsables de la société IBC, semblent déterminés désormais à se lancer dans des actions de protestation visant à mettre plus de pression pour accélérer son dénouement. Dans la matinée de jeudi dernier, les familles des marins otages étaient munies de banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire : «Cinq mois de prise d'otages, barakat !» ou encore «Nos enfants veulent retrouver leurs parents !» Ces familles, que seule la libération des leurs pourrait satisfaire, ont été reçues jeudi dernier par le premier responsable de la société IBC, en l'occurrence son directeur général Nasserdine Mansouri. L'entretien entre les deux parties ne semble pas avoir satisfait les familles des marins, vu que juste après la rencontre, ces dernières ont entériné la décision d'organiser un troisième sit-in qui aura lieu cette fois-ci devant le siège de la direction générale de la Cnan à Kouba.