Quand les peuples arabes s'entretuent ou manifestent contre leurs dirigeants, les pays occidentaux s'émeuvent et crient aux violations des droits de l'homme. Ils n'hésitent pas à mobiliser les médias, les associations humanitaires, leur relais divers, leurs avions de chasse, leurs bombardiers et leurs hélicoptères pour faire la guerre aux régimes qu'ils ont souvent eux-mêmes placés pour servir leurs propres intérêts. Quand Israël écrase sous ses bombes les territoires palestiniens, instaure le blocus de Ghaza, colonise ce qui reste de la Palestine historique, prend d'assaut la «Flottille de la paix» avec leurs propres ressortissants à bord, ces mêmes puissances formulent tout juste des «regrets», histoire de se dédouaner d'un crime historique auquel ils ont pris part. L'humiliation de la «Guerre des six jours» dont les peuples arabes ne se sont jamais remis, depuis un certain 5 juin 1967, vient rappeler cette vérité. L'Etat hébreu a bénéficié de l'aide militaire des Etats-Unis pour mettre à genoux les armées arabes d'Egypte, de Syrie et de Jordanie. Rares ont été les dirigeants occidentaux qui comme le général de Gaulle avaient condamné l'agression israélienne. Médias lourds aux mains du lobby juif en France, en Angleterre et aux Etats-Unis avaient fêté la «raclée» donnée par Moshé Dayan à Nasser «l'ennemi nº1 du monde libre». L'occident a, depuis la mort du dirigeant nationaliste arabe encore reconnu à ce jour, mis en place des régimes fantoches à l'image de Anouar Sadate, un agent de la CIA tout comme Hussein de Jordanie. De l'humiliation à la capitulation, les peuples arabes n'avaient que les yeux pour pleurer pendant que l'armée de Bégin envahissait le Liban, en juin 1982, et plusieurs fois depuis, écrasait Ghaza sous ses bombes, avec femmes et enfants, et leurs voix pour clamer leur rejet des Accords de Camp David, les accords de la honte signés par Sadate. Ce 5 juin est une nouvelle occasion pour ces peuples de rappeler que la colonisation de la Palestine se poursuit toujours, que les réfugiés de 1948 sont presque tous morts et que les générations actuelles ne verront probablement jamais la terre de leurs parents, devenue propriété exclusive des juifs venus de Russie et de Pologne, après la «Guerre des six jours», que le Golan syrien est toujours annexé et que Netanyahou exclut tout retour d'Israël aux frontières d'avant 1967. Pendant qu'on s'entretue en Libye au nom de la démocratie occidentale, que pour ces mêmes aspirations on manifeste en Syrie contre Bachar Al Assad, qu'on prie au Yémen pour que le dictateur Abdallah Saleh ne remette plus jamais les pieds dans son pays, qu'à Tunis et au Caire on prépare les procès des couples Ben Ali et Moubarak, depuis le Sud Liban, Ghaza, Ramallah et le Golan on observe de loin, avec nostalgie, la terre des ancêtres où les colonies juives se succèdent, dans ces territoires arabes occupés en juin 1967. Là-bas, les manifestants palestiniens tombent dans l'indifférence internationale sous les balles de l'armée d'occupation israélienne. Personne ne s'en émeut. Là-bas, ces scènes sont devenues familières, presque banales, pour l'Occident. Depuis 1947, date du scandaleux partage de la Palestine par les Nations unies qui avaient donné à Israël la part du lion, ces scènes se répètent sans plus d'échos que quelques images de télévision écrasées par les reportages sur le «Printemps arabe». Ce crime contre l'humanité est, pourtant, le fait de la communauté internationale qui ne montre, 64 ans plus tard, aucun signe d'empressement pour réparer cette injustice. C'est le sens, sans écho en Occident, des protestations populaires depuis Ghaza, Ramallah, le sud-Liban ou le Golan. Trop occupé à préparer son projet pour le Monde arabe, l'occident fait la sourde oreille. Netanyahou joue la «politique du fait accompli», les occidentaux laissent faire.