Après deux reports, le procès opposant les héritiers Matoub Lounès, sa sœur Malika et sa mère Aldjia, à 5 maisons d'édition : Azwaw, Akbou, Cadic, Sawt El Andalib et Izem, a eu lieu hier au tribunal de la ville de Tizi Ouzou. La plainte a été déposée, pour rappel, par la famille de Matoub Lounès, en 2005, pour piratage et vente illégale et sans aucun contrat de vente des œuvres artistiques du défunt Matoub Lounès, assassiné en juin 1998. Le procès s'est déroulé en présence des 5 patrons des maisons d'édition citées, ainsi que de la mère et de la sœur de Matoub, mais sans la présence du directeur de l'Office national de la défense des droits d'auteurs (Onda). Une présence exigée pourtant par les deux parties. Une armada d'avocats s'est succédée à la barre. La première à avoir été interrogée par le juge est la mère du chanteur. Elle déclara au juge qu'«aucun de ces éditeurs ne s'est rapproché de notre famille pour signer des contrats de vente. C'est comme si mon fils Lounès n'avait laissé personne derrière lui». À son tour, la sœur de Matoub a dit avoir saisi les 5 éditeurs par courrier et accusé réception pour régler le problème et rétablir les choses, mais sans succès. «C'est pour cette raison qu'on a décidé de saisir la justice pour demander réparation. L'œuvre de Matoub est devenue un fonds de commerce pour ces éditeurs. Ils se permettent d'éditer et de distribuer toutes sortes d'ouvrages artistiques de mon frère sans se soucier», déclara-t-elle au juge. Elle reproche aussi la dénaturalisation des œuvres de Matoub. Quant aux prévenus, ils déclarent qu'ils détiennent des contrats en bonne et due forme signés avec l'Onda. «J'ai un contrat à durée indéterminée signé en 1978 avec Matoub Lounès. J'ai le droit de vendre et de distribuer avec toute légalité ses albums et cassettes», a déclaré le patron de la maison d'édition Azwaw. A cette déclaration, l'avocat de la famille Matoub rétorque que ce contrat est valable jusqu'à la mort de l'artiste, mais après il devait signer un autre contrat avec ses héritiers légitimes. D'autres éditeurs reconnaissent par ailleurs qu'ils ont vendu des albums de Matoub sans aucune autorisation. La famille de Matoub demande deux millions de dinars comme réparation aux 5 éditeurs et le retrait de toutes les œuvres artistiques de Matoub du marché : des albums, cassettes, photos, vidéos… Le procureur de la République, quant à lui, a requis 18 mois de prison ferme contre chacun des accusés, le versement d'une amende de 100 000 DA à la famille Matoub Lounès et le retrait du marché de toutes les œuvres artistiques éditées par ces 5 maisons d'édition. Le verdict sera rendu le 19 juin.