«Je n'ai que deux boîtes actuellement dans ma pharmacie», nous a déclaré hier un pharmacien interrogé sur la pénurie qui frappe la pilule contraceptive en Algérie. A Tizi Ouzou, comme d'autres wilayas du pays, cette pénurie dure depuis des mois. «Je peux seulement vous dire qu'on est servi en quantité limitée et insuffisante pour couvrir les demandes en la matière», explique encore notre interlocuteur. Lors d'une virée effectuée hier, au niveau de quelques officines de la ville des Genêts, le constat est le même partout. Les femmes se plaignent, les pharmaciens aussi ! Ces derniers, d'ailleurs, ne savent plus à quel saint se vouer, eux qui n'ont pas la moindre explication sur cette pénurie. «Il faut demander aux grossistes et aux importateurs. C'est eux qui vous répondront sur les dessous de cette pénurie», nous a répondu Mohamed, détenant une pharmacie au niveau du centre-ville. «On a établi une demande d'approvisionnement auprès de notre grossiste en médicaments, mais ce dernier ne nous a accordé qu'une vingtaine de boîtes, un quota très faible par rapport à la demande», s'est plaint encore Mohamed. «La dernière quantité de pilules contraceptives que j'avais a été vendue depuis plus de 20 jours», nous a-t-il indiqué. Presque toutes les pharmacies de la ville connaissent une pénurie, sans précédent, des pilules contraceptives les plus utilisées par les femmes. Microval, Excluton, Serazette et Hyan sont entre autres les marques qui manquent actuellement sur le marché national, y compris à Tizi Ouzou. «Elles sont prescrites principalement pour les femmes qui allaitent, ou celles atteintes de maladies cardiaques», explique notre interlocuteur, en pointant du doigt la direction de la santé de la wilaya. Selon lui, «le DSP devait intervenir auprès du ministère pour interpeller au moins la pharmacie centrale afin d'approvisionner les hôpitaux et les PMI. Cela aurait permis de diminuer la pression sur les officines». Côté utilisatrices, cette pénurie ne fait qu'augmenter les inquiétudes des femmes. Elles se voient dans l'obligation - pour certaines qui sont habituées à une certaine marque - de changer de marque. Cependant, cela n'est pas sans induire des conséquences néfastes sur la santé des patientes. «Il faut la consultation d'un gynécologue pour la prescription d'une autre marque, compatible à l'état de santé de la femme», expliquent les pharmaciens, qui se plaignent aussi du manque de plusieurs médicaments. «Si pour la pilule, la patiente peut recourir à une autre marque, qu'en est-il pour l'insuline ?», se demande un pharmacien qui n'a pas voulu répondre à notre question. «Je préfère vous parler des malades chroniques qui soufrent et meurent en silence que de vous parler de la pilule», nous a-t-il dit. La pénurie des médicaments en Algérie a atteint la ligne rouge. D'où la nécessité pour le ministère de la Santé de redoubler d'efforts pour éviter le pire.