Il ne l'aime pas, il ne sait pas pourquoi, mais il ne l'aime pas. Le vieux Bachir déteste Abdelaziz Belkhadem et n'allez surtout pas lui demander des explications. Si vous l'aimez bien, vous, Belkhadem, vous serez presque rassuré qu'il ne lui reproche vraiment pas grand-chose et vous serez presque agréablement surpris d'entendre le vieux Bachir dire que Belkhadem n'est peut-être pas le pire de ce qui se fait dans ce pays en matière de personnel politique ! Si par contre, vous ne l'aimez pas, vous serez aussi surpris et bien déçu. Vous ne tirerez aucun parti de l'aversion que le septuagénaire développe envers le secrétaire général, réel ou virtuel, du FLN. Dites-lui d'argumenter et vous ne provoquerez chez lui qu'un malaise qui se transforme vite en exaspération si jamais l'idée d'insister vous prenait. «On a quand même le droit de détester quelqu'un sans avoir à donner des explications à tout le monde, bon sang !» fulminait Bachir quand quelqu'un, sérieusement ou juste pour l'énerver, tentait la chose. Le vieux est pourtant resté «fidèle» au FLN. Comme il ne sait pas pourquoi il n'aimait pas Belkhadem, il ne sait pas non plus pourquoi l'idée de «donner sa voix» à un autre parti ne lui a jamais traversé l'esprit. Il n'a certes pas fait la guerre, mais il a «fait ce qu'il pouvait» pour l'indépendance, en «cotisant» au sein de la fédération de France où il est parti très jeune faire bouillir la marmite d'une famille que le petit lopin de terre et le maigre troupeau ne parvenaient plus à nourrir. A sa décharge, il n'a jamais prétendu être un vaillant combattant comme beaucoup de ses connaissances qui le font sourire sournoisement quand ils commencent à déballer leurs hauts faits d'armes, quand ils plastronnent devant le carré des martyrs un premier novembre ou quand ils se plaignent de la licence d'importation qui n'arrive pas pour des «hommes qui se sont sacrifiés pour la liberté du pays», comme ils disent. Ceux-là, il ne les aime pas mais il sait pourquoi. Il s'est bien posé la question si ce n'était pas pour les mêmes raisons qu'il détestait Belkhadem, mais il s'est rappelé qu'il était trop jeune pour avoir fait la révolution. Puis il s'est rappelé que si Belkhadem n'a pas fait la révolution, il en parlait quand même, à chaque fois qu'il parlait tout court. Alors, il s'est demandé ce que peut bien être allé dire le chef réel ou virtuel du FLN à Bensalah aujourd'hui et pourquoi il ne l'a pas dit plutôt au chef réel ou virtuel du RND qu'il voit régulièrement. Bachir a dit à ses proches qu'il croit savoir maintenant pourquoi il le déteste, mais il n'en a rien révélé pour le moment. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir