Le Temps d'Algérie : Le Cnes organise aujourd'hui les premières assises nationales de la société civile. Quel est votre avis sur cette rencontre ? Saïb Musette : En tant que chercheur, je pense que les assises nationales de la société civile constituent un espace intéressant de consultations et d'échanges. Elles serviront à mettre en place des canaux de communication entre les différents acteurs. Concrètement, je ne m'attends pas à un travail scientifique. Que pensez-vous du rôle de la société civile algérienne ? Elle a la place qu'elle mérite dans le pays. Dans le passé, la société civile s'est contentée d'être observatrice. Elle n'avait aucune ambition de contribuer au développement du pays. Aujourd'hui, elle devient un acteur et veut à travers cette initiative s'impliquer davantage en ayant un rôle important au sein de la société. Pour moi, l'avenir sera meilleur et les acteurs de la société civile vont devoir être crédibles et œuvrer dans l'intérêt des Algériens, sans exclusion d'aucune partie. Les questions demeurent posées quant à la manière et la démarche. Cela dit, nous constatons que ces dix dernières années, la société civile s'est fait entendre à travers des manifestations parfois violentes. Le Cnes n'a jamais fait quelque chose en direction des acteurs de la société civile. C'est bien que maintenant il décide d'ouvrir ce débat et de convier les acteurs à une conférence nationale. Pour l'instant, on ne peut pas anticiper sur les résultats de cette manifestation. Mais tout dépendra de l'implication des participants et de leur volonté à contribuer à l'éclosion de la société civile. Les acteurs de la société civile doivent donc s'organiser. Certains spécialistes estiment que l'absence de culture a fait que la société civile algérienne soit en marge des actions de développement. Qu'en pensez-vous ? Si on prend en compte l'histoire de la société algérienne, il est totalement faux de croire que la culture est un facteur lié à l'absence de la société civile algérienne. La société civile a toujours existé. Dans nos traditions, les zaouïas ont joué un rôle important. Les mouvements de jeunes n'ont jamais cessé, à travers les maisons de jeunes et les groupes de chanteurs très connus et médiatisés. Il y avait toujours une expression et des mouvements dans la société, ce qui m'amène à dire qu'on n'a pas de problème de culture. Nous avons aussi les sociétés communautaires algériennes qui sont très organisées. Je prends l'exemple des Touaregs et des Mozabites. Les Algériens se contentaient d'actions qu'ils menaient tout simplement sans faire trop de bruit. Selon vous, que faudrait-il faire pour que la société civile devienne un acteur incontournable dans la gestion du pays ? Il faut que les acteurs de la société civile réinvestissement les espaces de dialogue. Il faut créer d'autres espaces de communication pour pouvoir s'exprimer et s'organiser. Les acteurs de la société devraient maintenir la dynamique observée ces derniers mois. Propos recueillis par