Le projet de loi de finances complémentaire (LFC 2011) a été adopté hier à la majorité absolue. Le texte a vu l'introduction par l'APN de 8 nouveaux articles et 12 amendements sur le texte initial présenté par le gouvernement alors que 23 articles de ce texte sont restés inchangés. Le texte a été adopté en l'absence des députés du RCD qui ont gelé leurs activités à l'APN. Les députés du PT se sont quant à eux abstenus lors du vote de ce projet de loi, adopté article par article puis lors de son adoption globale, car l'adoption du texte s'est faite sous forme de projet de loi au lieu d'une ordonnance. Pour le PT, cette «opportunité n'a pas été utilisée pour apporter des mesures positives en rapport avec les revendications urgentes exprimées par la majorité de la population». Le PT exprime son désaccord «devant la soumission du gouvernement face aux revendications des patrons» et s'oppose «énergiquement à l'utilisation de l'argent public pour des entreprises privées». Le PT fera remarquer que «des dispositions positives de la LFC 2009 et LFC 2010» ont été remises en cause par «un amendement portant réintroduction de l'importation de la friperie». La LFC 2011 ne prévoit pas de nouveaux impôts ou taxes. Mais elle comprend d'importantes mesures pour relancer l'emploi et les PME et préserver le pouvoir d'achat des ménages à travers la prise en charge des incidences financières des récentes décisions visant à répondre aux besoins sociaux de la population. C'est ce qu'a tenu à rappeler en marge de la plénière le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui rappelle en détail les raisons du déficit budgétaire de 4693 milliards DA, soit 33,9% du PIB. La dépense de fonctionnement s'accroît de 857 milliards DA, en raison principalement de l'élargissement du soutien des prix à de nouveaux produits alimentaires de base (huiles et sucre) et du renforcement de la dotation budgétaire au soutien des prix des produits subventionnés, antérieurement à 2011 (blés et poudre de lait). Le déficit est dû également à la prise en charge de l'effet sur les rémunérations de l'application de nouveaux statuts particuliers de la fonction publique et à l'ouverture de nouveaux postes budgétaires. Il s'est aggravé aussi sous l'effet de la dépense d'équipement qui s'accroît de 797 mds DA pour faire face à un programme additionnel de logements sociaux et ruraux et au renforcement de l'action économique de l'Etat. La LFC 2011 qui se base sur un taux de change de 74 DA pour un dollar, prévoit un taux de croissance économique de 3,9% (6% hors hydrocarbures) et un taux d'inflation de 4%, contre 3,5% dans la loi de finances initiale. «Toutes les mesures qui ont été prises dans le cadre des conseils des ministres ou de la tripartite (prises en charge patronales, bonification en termes d'intérêt, foncier économique, abattements sur la redevance...) sont aussi prises en charge dans le cadre de la LFC 2011», explique Djoudi en marge de la plénière, «afin de permettre leur mise en œuvre le plus vite possible». «Le soutien des prix du logement absorbera une partie de l'inflation» Interrogé sur une éventuelle inflation qu'induiraient les nouvelles augmentations de salaires, le ministre a expliqué que «si effectivement cette ressource est portée massivement en demande sur le marché domestique, il est évident que cela pousse les prix à la hausse». Le meilleur moyen pour lui d'éviter une inflation est que «cette masse se dépose en épargne dans les banques». La crainte «c'est que cette ressource se porte en demande sur des produits divers», a-t-il expliqué affirmant qu'il n'y a pas réellement de risque d'inflation au mois de Ramadhan qui «a toutefois ses caractéristiques». Interrogé enfin sur les déclarations du DG des douanes à propos des 60% de produits importés contrefaits, le ministre a demandé «à confirmer ces chiffres».