La grève illimitée déclenchée par le Collectif des auxiliaires médicaux anesthésistes d'Algérie (Camaa) depuis le 7 juin dernier a engendré d'énormes désagréments aux malades à Tizi Ouzou. Au moins 80 interventions chirurgicales sont annulées journellement au CHU Nedir Mohamed et au niveau des autres structures sanitaires publiques de la wilaya, dont celles d'Azazga, Azeffoun, Aïn El Hammam , Draâ El Mizan, Larbâa Nath Irathen, Boughni et la clinique Sbihi, dont le personnel gréviste a, depuis le début, largement suivi le mouvement de protestation. Les blocs opératoires sont à l'arrêt depuis 10 jours maintenant. Des patients qui attendent depuis plusieurs mois d'être opérés ont été renvoyés et appelés à patienter encore, alors que d'autres restent alités à l'hôpital. Les anesthésistes se contentent d'assurer le service minimum, disent les protestataires. «Nous assurons seulement les interventions chirurgicales des urgences et de cancérologie. Une moyenne de 20 à 30 interventions chaque jour, et ce, par devoir et pour ne pas mettre en péril la vie des malades. Toutes les interventions chirurgicales des autres services sont suspendues pour le moment», nous déclare Lamara, un infirmier anesthésiste exerçant au CHU Nedir Mohamed. Effectivement, les interventions chirurgicales des services viscéraux, neurochirurgie, urologie, chirurgie enfantine, ORL, gynécologie… ne sont guère assurées dans les structures sanitaires publiques de la wilaya de Tizi Ouzou depuis le début de la grève. Le plus à craindre, c'est que les anesthésistes sont apparemment loin de décolérer et ne comptent pas renoncer à leur action de protestation à cause du bras de fer qui persiste avec le ministère de la santé. Chaque partie campe sur ses positions concernant les deux point nodaux des revendications, à savoir le nouveau statut des infirmiers anesthésistes et leur protection juridique en matière d'erreurs médicales. De ce fait, des cliniques privées demeurent l'ultime recours pour certains malades pour subir une intervention chirurgicale, mais ils butent sur les tarifs pratiqués par ces dernières. Une simple intervention chirurgicale coûte au minimum 50 000 DA, d'autres dépassent largement les 120 000 DA, des tarifs qui ne sont pas à la portée de la plupart des malades. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. «Après plusieurs semaines d'hospitalisation, j'ai demandé à mes enfants de me faire sortir d'ici. Je préfère souffrir chez moi», nous déclare une femme d'un certain âge qui attend d'être opérée depuis plusieurs jours au niveau de CHU de Tizi Ouzou. Une phrase lourde de sens qui résume à elle seule la situation dans laquelle se trouvent les malades, premières victimes de ces protestations qui n'en finissent pas. Les anesthésistes comptent tenir, demain, un sit-in national devant le siège de ministère de la Santé.