La richesse paysagère et le patrimoine hydrologique et hydrographique du Parc national du Djurdjura (PND), ce territoire de haute montagne continentale qui s'étale sur une superficie de 18 550 ha et qui a été érigé en réserve mondiale de biosphère par l'Unesco en 1997, sont sérieusement menacés, notamment par l'existence de carrières d'agrégats. Depuis de longues années et dans le souci de préserver cette richesse naturelle, la direction du parc avait usé de tous les moyens réglementaires pour s'opposer à l'exploitation des substances minérales pour la production d'agrégats dans le PND et sa périphérie immédiate, en particulier dans sa partie relevant de la wilaya de Tizi Ouzou. Ainsi et pour mettre fin à cette exploitation, une procédure administrative a été engagée conformément aux dispositions régissant les aires protégées. Cependant cette procédure est infructueuse à cause, est-il indiqué dans un rapport établi par la direction du PND, de «l'incompréhension des services des mines de la wilaya de Tizi Ouzou du statut de gestion qu'il fallait réserver aux territoires érigés en parc national». Suite à cela, il est ajouté dans le même document que la direction s'est retrouvée contrainte d'enclencher une procédure de justice à l'encontre des gestionnaires de carrières se trouvant à l'intérieur du PND. Le rapport charge la direction des mines de la wilaya et l'accuse à demi-mot de la situation engendrée par cette exploitation : «La situation de confrontation avec les exploitants de ces exploitations avait duré plus d'une décennie. Durant cette période et afin de se libérer de l'opposition du parc, la direction de l'énergie et des mines (DEM) de la wilaya de Tizi Ouzou avait usé d'un stratagème en saisissant la direction générale des forêts en lui demandant de reculer les limites du parc aux limites de la wilaya de Bouira, soit supprimer l'existence du PND sur la façade nord du Djurdjura, pour que cette direction exploite à sa guise les gisements situés dans le parc et sa périphérie», est-il écrit noir sur blanc. A la lumière de ces accusations, le PND n'a dû son salut qu'à l'avènement de la loi minière de 2001 qui a conforté le PND dans l'arrêt de l'exploitation des carrières qui étaient en activité sur son territoire. Les séquelles sont toujours là Une dizaine d'années après l'avènement de cette loi, la situation de quiproquo demeure. En effet, pour la carrière située à Tizi El Djemaa, dans la commune d'Iferhounène, il est fait état que malgré la cessation de l'activité, le gérant occupe illicitement le site de cette carrière jusqu'à ce jour, et ce, malgré les différentes plaintes introduites auprès des instances judiciaires et la chambre administrative territorialement compétents et au conseil d'Etat près la Cour suprême. Devant cette situation, la direction du PND a rappelé aux services de la DMI la nécessité de consolider les efforts de la direction pour que le gérant libère le site de la carrière. Le cas de la carrière Azrou Klaa, à Iboudrarène, pose aussi problème. Ce gisement, abandonné par l'exploitant Genisider faute de rentabilité et en dépit de la procédure judiciaire entreprise à son encontre auprès de la chambre administrative de la cour de Tizi Ouzou pour la remise en l'état des lieux, a été concédé à un particulier qui est détenteur d'un titre minier. Bien que la carrière soit à l'arrêt, des venets de pierres s'effectuent sur place. La troisième carrière, à savoir celle de Mahbane, dans la commune de Boghni, le site n'est toujours pas remis en l'état et attend depuis l'année 2000, après que l'autorisation d'exploitation fut retirée à l'exploitant suite à la saisine du comité du village Mahbane par les autorités sur un usage abusif d'explosifs qui a causé le tarissement de la source Laincer Mendès. Là encore, la réglementation régissant le secteur des mines n'a pas été respectée. Quant à la quatrième et dernière carrière, celle d'Aourir, dans la commune d'Assi Youcef, son arrêté d'exploitation délivré en 1999 est valide pour une période de trente années. Le rapport du PND indique que l'installation de cette carrière réalisée dans les paysages abrupts d'Azrou Mendès, lieu considéré par le passé comme habitat de rapaces et d'une faune très diversifiée, avec une chênaie de plus de 5 ha et qui est à l'arrêt faute de moyens d'exploitation, a causé d'énormes dégâts à cette diversité. Aussi a-t-on signalé que la délimitation fixée par l'arrêté cité plus haut est située à l'extérieur de l'enceinte d'exploitation, plus précisément au village Aït Hagoune, alors que l'exploitation est à l'intérieur du parc. Ceci est en contradiction avec l'article 3 qui interdit l'empiétement sur le territoire du PND. Ainsi, on constate que malgré l'arsenal législatif composé de onze ordonnances et de lois visant à soustraire ce territoire à toute forme d'exploitation minière, le PND est victime d'exploitation régulière de substances utiles. Aujourd'hui, des mesures doivent êtres prises et d'autres respectées pour préserver ce site considéré comme un château d'eau naturel qui restitue d'importantes réserves en eau qui alimentent les sources, les nappes et le réseau hydrographiques.