Les raids meurtriers menés par l'Otan contre les villes libyennes tuant des civils n'ont rien de précis et sont loin d'être les opérations «chirurgicales» prônées par les puissances mondiales depuis le début de l'attaque contre la Libye. Les opérations militaires censées protéger les civils des assauts des loyalistes au leader libyen El Kadhafi, se sont subitement avérées être un autre ennemi pour les populations. «Des erreurs d'appréciation de cible des fusils mitrailleurs», tentent de justifier les hauts responsables de l'Otan qui se contentent de regretter ces bavures qui ont coûté la vie à des innocents et à des enfants. Cette semaine a été d'ailleurs «riche» en bavures des forces de l'Otan dont les membres commencent à douter de l'efficacité de leurs actions. Ils s'interrogeaient sur leurs capacités à poursuivre leurs opérations. Mardi encore, l'Otan a lancé des raids aériens sur les villes de Khoms et Nalout, dans l'ouest de la Libye où deux checkpoints «civils» destinés à «organiser la circulation routière» dans la région de Khoms à 120 km à l'est de Tripoli, ont été ciblés. L'Otan a également reconnu le même jour qu'elle avait perdu un drone américain, le MQ-8B Fire Scout. Cet appareil effectuait une mission de surveillance en Libye. L'Alliance atlantique a démenti qu'un de ses hélicoptères d'attaque Apache ait été abattu, comme l'a affirmé plus tôt la télévision libyenne. L'Otan est accusée d'être à l'origine de la mort en 48 heures de 24 civils, dont des enfants. Le front contre Kadhafi s'effrite Ces bavures contre les civils ont eu des répercussions sur le front des alliés contre Kadhafi qui continue de s'effriter avec notamment les réserves formulées par le congrès américain, la demande italienne de suspendre les hostilités et le «recul» du secrétaire général sortant de la Ligue arabe Amr Moussa. «L'alliance se fissure», analyse un expert de l'Institut des affaires internationales de Rome qui souligne «une atmosphère de divergence» de la part de certains membres de la coalition. Cet analyste met en avant non seulement les coûts énormes, mais un doute sur la légitimité des récentes frappes aériennes du point de vue de la résolution des Nations unies. Hier matin, l'Italie a appelé à suspendre les hostilités dans ce pays afin d'instaurer des couloirs humanitaires. Son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini a indiqué lors d'une intervention devant deux commissions parlementaires qu' «il est nécessaire de mettre fin aux hostilités en Libye afin d'ouvrir la voie à l'aide humanitaire». C'est là aussi un message de Silvio Berlusconi à la Ligue du Nord, ayant exigé que l'Italie se retire d'une intervention trop coûteuse, qui pousse des immigrés libyens à rejoindre les côtes italiennes. Le S/G de la Ligue arabe qui avait soutenu le lancement des frappes en Libye a fait part de ses «scrupules» après la mort de civils en Libye. «Quand je vois des enfants se faire tuer, mon devoir est d'avoir des scrupules. C'est pourquoi j'ai mis en garde contre le risque de pertes civiles», a-t-il dit. «Le temps est venu de faire tout ce qu'on peut afin d'obtenir une solution politique. Cela doit commencer par un cessez-le-feu réel et sous supervision de la communauté internationale. Jusqu'à la mise en place de ce cessez-le-feu, Kadhafi resterait au pouvoir. Il y aurait ensuite une période de transition afin d'obtenir un accord sur l'avenir de la Libye», a suggéré le candidat à la prochaine élection présidentielle en Egypte. Aux Etats-Unisi, ces opérations sont loin de faire l'unanimité. Le Congrès doit se pencher prochainement sur des résolutions finalisées mardi, visant à autoriser des opérations «limitées» en Libye, alors que nombre d'élus sont prêts à s'en prendre au financement d'une guerre engagée sans l'aval du Congrès. En outre, la Chambre des représentants doit examiner cette semaine plusieurs mesures pour interdire l'utilisation de fonds pour la guerre en Libye.