Haouch 10 dans la commune d'Hussein Dey (Alger) a été hier le théâtre d'affrontements entre un groupe de jeunes et les forces de l'ordre. La route a été fermée à la circulation et des pneus ont été brûlés. Les forces de l'ordre sont restées en retrait et ont tenté de raisonner les jeunes en furie qui réclament des logements pour leurs dix familles. Ces dernières sont à bout après 40 ans de vie dans des conditions précaires et lamentables. La famille la plus touchée par l'exiguïté est incontestablement, selon des voisins, la famille Khalifa Touati. Forte de 7 membres, elle vit dans une seule pièce. «Nous avons vécu dans cette unique pièce pendant 40 ans et nous sommes toujours là malgré nos demandes de logement incessantes», a tonné la mère de famille. La vieille femme est atteinte d'une maladie cardiaque à cause des conditions caractérisant les lieux. Elle a subi six interventions chirurgicales à cœur ouvert. «Je suis malade, mon mari aussi, et mes enfants sont tous âgés, le dernier fêtera ses 25 ans cet été, mes enfants ont tous un travail et ont été bien élevés, contrairement à ce que disent les autorités locales», a pesté encore la dame, avant d'ajouter que «notre première demande de logement remonte à l'année 1982 ; à l'époque nous avons reçu une commission qui devait faire un constat, mais nous n'avons rien eu, cela fait 29 ans d'attente pour un logement. Depuis cette année, nous avons reformulé plusieurs demandes mais elles sont toutes restées sans suite, bien que des commissions viennent faire des constats et à chaque fois on nous dit : cette fois-ci, vous aurez votre logement». La dame semble perdre tout espoir en disant : «Je crois que je vais mourir ici dans la précarité». Les voisins de la famille Touati ont de tout temps soutenu et défendu le dossier de cette famille auprès des autorités locales : «Toutes les demandes de logement de la famille sont restées sans suite au moment où d'autres familles moins nombreuses et qui vivent dans des appartements plus spacieux bénéficient de logement», a affirmé Mohamed, voisin de la famille. Un autre jeune voisin menace : «Si les autorités locales, à leur tête le maire de la commune d'Hussein Dey, ne réagissent pas pour le relogement de ces familles, nous allons réagir à notre manière, nous fermerons les routes et déclencherons des émeutes». Une enquête encore Nous avons tenté de prendre attache avec les autorités locales de la commune d'Hussein Dey, mais le maire et ses adjoints ont tout simplement refusé de nous recevoir. Même réaction de la part du wali délégué de la circonscription administrative d'Hussein Dey. Néanmoins, le wali délégué d'Hussein Dey a accueilli dans la matinée d'hier le père Touati et deux de ses voisins, et selon les dires des plaignants, «le wali délégué a promis de mettre en place, dans les jours qui viennent, une commission d'enquête qui se penchera sur les 10 familles qui habitent ce haouch». M. Khalifa Touati a indiqué : «Nous allons attendre encore quelques jours, le temps que le wali délégué et la commission terminent leur travail, ensuite on verra.»