A l'image des cimetières musulmans, les sont dans un état de délabrement avancé. Abandonnées, non entretenues - à la limite occasionnellement - leurs occupants ne reposent finalement pas en paix. «523 cimetières et plus de 400 000 sépultures chrétiennes existent en Algérie» , selon l'Association de sauvegarde des cimetières chrétiens et juifs d'Algérie. Toutefois, avec leur détérioration, leur nombre est réduit à 210 000, selon les chiffres fournis par l'ambassade de France à Alger. L'Association de sauvegarde avait proposé «une souscription de 5 euros par personne pendant cinq ans pour venir à bout d'un projet de 6 millions d'euros, et ce, pour la création d'ossuaires de regroupement dans les grandes villes d'Algérie». Si les idées ont du mal à se concrétiser, l'état des cimetières chrétiens et juifs se détériore d'année en année. Comme ceux des musulmans, les derniers cimetières chrétiens nécessitent des opérations d'entretien. Marbre cassé, traces de profanation visibles, affaissement des tombes, engloutissement par les mauvaises herbes, tel est leur état général. A Alger, seul le cimetière de Bologhine (ex-Saint Eugène) semble être préservé par une sécurité des lieux grâce à deux gardiens. Cependant, la trentaine de cimetières de la capitale et ses environs ressemble à des champs dévastés. Celui de Aïn Benian est dans un état de délabrement avancé. Même des os des squelettes peuvent être aperçus à l'extérieur des sépultures. Les noms de famille qui rappellent la composante des Européens qui vivaient en Algérie durant la période coloniale s'effacent jour après jour. Un responsable de l'Association de préservation des cimetières chrétiens en Algérie, rencontré à l'hôtel El Aurassi, nous a déclaré que «l'ambassade de France à Alger a gelé le financement pour l'entretien des tombes des chrétiens morts en Algérie de 1830 et au-delà de 1962». Aussi, «déplorant la situation des cimetières algériens d'une manière générale, toutes confessions confondues, il appelle à ce que les familles des pieds-noirs décédés en Algérie donnent plus d'intérêt aux tombes et sépultures de leurs aïeux et grands-parents». Il est vrai que des séjours sont organisés au profit des pieds-noirs dans les quartiers et villes dans lesquels ils ont grandi, mais un désintérêt est constaté quand il s'agit de rétablir la demeure finale de tel ou tel ascendant. Les autorités locales ne peuvent financièrement pas venir à bout des multitudes de problèmes qui caractérisent les cimetières, qu'ils soient musulmans, chrétiens ou juifs. Toutefois, il ne faut pas nier la bonne situation des cimetières chrétiens situés à Skikda, Annaba ou Collo. D'autres sont en bon état et se situent dans la région oranaise. Il est utile de préciser que le respect des morts, par la préservation des cimetières, est un devoir, quelle que soit la confession de l'individu enterré.