Pour cerner les raisons de la pénurie de médicaments qui persiste, le ministère de la Santé vient d'ordonner l'ouverture d'enquêtes sur l'indisponibilité d'au moins 150 produits. L'Inspection générale du ministère, en coordination avec les DSP et le Commerce, entameront des investigations au niveau de toutes les unités de production, des distributeurs et des grossistes. Ces derniers sont accusés d'être à l'origine de ces «perturbations», confie-t-on au niveau du ministère. Ces enquêtes viennent couronner un premier travail effectué il y a quelques mois déjà au niveau des pharmacies et des hôpitaux à l'échelle nationale et dont les résultats ont confirmé la rareté de certains médicaments. Il faut viser les stocks, les importateurs et les opérateurs économiques maintenant. Le rapport des enquêteurs devrait être transmis au ministre en personne avant la rentrée sociale. Sur un autre plan, ces enquêtes viennent en réponse à la sonnette d'alarme tirée par des associations de malades, notamment celles des malades chroniques ainsi que des syndicats du secteur qui dénoncent pour leur part «une politique hasardeuse dans la gestion du marché des médicaments, ce qui a donc entraîné une perturbation dans la disponibilité des produits pharmaceutiques». De son côté, le ministre de la Santé, le Dr Djamel Ould Abbès, n'a pas lésiné sur les mots mercredi passé à l'occasion de sa visite à la Pharmacie centrale des hôpitaux, accusant ouvertement les distributeurs de produits pharmaceutiques à l'origine de ces pénuries récurrentes de médicaments. Il dira même que la pénurie de médicaments était «fabriquée» par les distributeurs dans le but de faire pression sur le ministère. En effet, une guéguerre s'est installée entre le ministre de la Santé et les opérateurs à la faveur de la fermeture de certaines unités de production qui ne respectaient pas les normes et les cahiers des charges. 230 médicaments manquants, selon le Snapo Si du côté du ministère, on tente de minimiser l'impact de la pénurie en affirmant que le nombre de médicaments concernés ne dépasse pas les 150, le Syndicat national des pharmaciens précise pour sa part que le manque est évalué à 230 produits dont 170 essentiels. Il s'agit entre autres des corticoïdes, des pilules contraceptives, des antidouleurs indispensables auc cancéreux, de l'insuline et de certains antibiotiques. Le président du SNAPO estime que ce manque est dû à une mauvaise gestion de la chaîne de distribution. Pour Messaoud Belambri, le moyen de résoudre le problème consiste à développer une industrie nationale du médicament. Il avait affirmé la semaine passée que l'arrêt d'application de certaines mesures par le gouvernement a augmenté les perturbations dans le marché, notamment le manque de tranquillisants ainsi que la mauvaise gestion en matière de distribution des médicaments et des produits pharmaceutiques, en raison d'une distribution inéquitable. Révision imminente des textes de la future agence nationale de médicaments Le Dr Ould Abbès a indiqué qu'il allait revoir les textes de l'agence nationale de médicaments dont la création est prévue cette année, ajoutant qu'il prendra le temps qu'il faut pour mettre en place les conditions adéquates. Il faut préciser que la création de l'agence du médicament est une échéance capitale pour l'organisation, le contrôle et la régulation du marché pharmaceutique en Algérie. Ce nouvel encadrement épargnera au ministère la gestion directe des produits pharmaceutiques et donc les interminables conflits avec les producteurs et importateurs qui devront à l'avenir s'enquérir de toute l'information médicale et scientifique relative à leurs produits. L'importance du rôle de l'agence réside non seulement dans l'enregistrement des médicaments et l'homologation des produits pharmaceutiques, mais aussi dans la délivrance des visas pour l'importation des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux à usage de la médecine humaine. L'autre mission «possible» de l'agence est celle de la détermination, au moment de l'enregistrement ou de l'homologation des prix à la production et à l'importation des médicaments après avis de la commission chargée de l'étude des prix créée auprès de l'agence qui participera à l'élaboration de la liste des produits pharmaceutiques éligibles au remboursement, et de procéder aux évaluations des bénéfices et des risques liés à leur l'utilisation.