La pénurie de médicaments pour les maladies chroniques n'est, en fait, que la conséquence de la spéculation, à en croire le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Après le coup de gueule de la semaine dernière de Saïd Barkat devant les députés, c'était hier le tour du directeur de la Pharmacie au ministère de la Santé de démentir l'existence d'une pénurie dans les officines. «Il n'y a pas de pénurie de médicaments mais je dirais qu'il y une spéculation. Il y a eu seulement certains médicaments qui ont été interdits à l'importation et remplacés par d'autres produits localement dans le but de favoriser la production nationale», déclare, sur les ondes de la chaîne III, Mohamed El Hadj, directeur de la Pharmacie au ministère de tutelle. Cette «disette» est la conséquence, selon ce responsable, de pratiques prohibées de certains intervenants du secteur de distribution. «Nous avons été destinataires de nombreuses plaintes de la part des producteurs nationaux qui mettent en cause les grossistes. Ces derniers favorisent l'achat de certains médicaments au détriment d'autres», précise-t-il. Pour palier à cette situation qui pénalise en premier lieu les malades chroniques, le ministère de la Santé a dépêché des brigades d'inspecteurs sur le terrain pour surveiller les pratiques illicites des grossistes. «Une enquête sera ouverte sur les grossistes qui alimentent cette tension sur le médicament», assure le même responsable. Autre mesure n'a été annoncée par le directeur de la Pharmacie sur l'existence d'un projet de décret au niveau du ministère pour favoriser la production nationale de médicaments. La facture de médicaments toujours consistante Questionné sur les conséquences de l'interdiction par le gouvernement, fin 2008, de l'importation des médicaments produits localement, il révèle que la facture du médicament reste toujours consistante. «Nous avons importé, en 2008, pour une valeur de 1,340 milliard d'euros. Cette année, nous sommes à 791 millions d'euros», dévoile-t-il. Un état de fait dû, en grande partie, à la cherté des molécules princeps utilisées notamment pour le traitement de certaines pathologies graves comme le cancer. Le princeps qui ne représente que 28% des produits vendus dans les officines, consomme plus de 60% de la facture de médicaments en Algérie. Il signale, cependant, que les mesures prises par le gouvernement pour favoriser la production locale ont eu un impact appréciable sur les producteurs nationaux. «La production locale couvre désormais 38% de nos besoins», se félicite-t-il. La part de la production nationale devra croitre davantage avec l'interdiction de l'importation de 800 médicaments à l'horizon 2012. La demande sur la production nationale va croissante. Les 114 unités de production nationale, qui travaillaient auparavant à seulement 20% de leurs capacités, tournent aujourd'hui à plein régime. «Nous avons 114 unités qui travaillent avec le système 2x8 pour répondre aux besoins du marché. Il y a aussi 56 unités en chantier», souligne-t-il. Revenant sur les plaintes des opérateurs concernant les obstacles rencontrés suite à l'instauration du crédoc, il rassure : «nous étudions ce dossier au ministère. On aura bientôt une solution». Abordant le problème des 25.000 tonnes de médicaments périmés qui sont stockés actuellement dans les officines, il préconise la destruction de ces produits périmés par des sociétés spécialisées pour éviter toute complication. A une question sur la disponibilité du vaccin contre la grippe saisonnière, Mohamed El Hadj précise que le vaccin sera disponible dès la semaine prochaine. «Il y aura le vaccin, mais pas pour tout le monde. Nous allons commencer par vacciner les personnes vulnérables», note-t-il. Concernant le vaccin contre la grippe porcine (H1N1), il sera disponible dès le mois prochain dans les EPSP. L'Algérie a fait une commande de 20 millions de doses, précise-t-on de même source.