est une des rares communes qui a distribué dernièrement des logements sociaux locatifs sans qu'il y ait contestation de rue. Partout ailleurs, il y a eu des rassemblements, des routes coupées et des tentatives de suicide à la suite de l'affichage des listes des personnes éligibles à un toit digne. A El Mouradia, qui représente dans l'imaginaire populaire ce lieu huppé, l'APC a dû faire face à une série de sit-in des familles qui ne figuraient pas sur la liste des 80 logements, trop peu pour répondre à toutes les sollicitations. Pourquoi donc Alger-Centre a échappé à cette contestation quasi-nationale ? La réponse est à chercher dans la manière avec laquelle le dossier a été géré. L'APC a en effet pris dès le départ la décision d'impliquer jusqu'au coup les comités de quartier dans cette entreprise. Ces derniers ont participé à tout le processus, depuis l'étude des demandes jusqu'à l'affichage de la liste finale. Il y a eu en tout 440 logements distribués. Le premier quota, à savoir 400 unités, relève d'un programme de construction implanté à Meftah (Blida), lancé par les élus sur les fonds propres de l'assemblée. Les 40 unités restantes représentent le lot réservé par la wilaya à la commune. «Au départ, nous avons installé une commission ad hoc regroupant les vice-présidents de l'APC. Par la suite, la commission a été élargie aux représentants des 28 comités de quartier qui existent dans la commune», affirme au Temps d'Algérie Hakim Bettache, vice-président chargé du social. Cette initiative n'a rien de mystérieux, elle relève de «la gestion participative» des affaires de la population. «Les comités de quartier sont partie prenante avec l'APC dans la gestion des autres domaines, pourquoi pas dans le logement ? Ils sont plus proches de la population, ils connaissent les gens et leurs conditions de vie», explique M. Bettache. La demande de logement et le dossier y afférent sont présentés suivant la réglementation. Ce que les élus attendaient des associations, c'étaient leurs avis sur la situation sociale réelle des prétendants. «Nous avons travaillé à l'étude des dossiers avec les comités pendant un mois», assure-t-il. Au début de l'opération, la commission élargie avait sur les bras 3062 dossiers. Après un premier tri, en écartant surtout les demandes qui ne sont pas éligibles à un logement social (elles ont été renvoyées vers le logement participatif) et les prétendants qui ont déjà des biens, la commission s'est retrouvée avec 1562 dossiers. Dans une deuxième étape, elle avait pour mission d'identifier ce que M. Bettache appelle «les cas sociaux durs». Cela a donné une liste de 624 dossiers. Les 440 logements ont été donc attribués à des familles tirées de cette liste. Les noms des attributaires ont été rendus publics mercredi 29 juin. «La liste a été affichée à 6h du matin. Au même moment, nous avons ouvert le siège de l'APC. Nous avons aménagé un espace dans le service d'état civil pour accueillir les gens. Dans cet espace, il y avait à leur accueil les élus et les représentants des comités de quartier. Nous avons établi la liste ensemble, nous devrions l'assumer ensemble. Finalement, à notre grand soulagement, tout s'est bien passé», témoigne le vice-président. Les élus, en impliquant les comités, ont fait l'économie des débordements. La commission élargie a réussi à identifier les cas sociaux les plus «durs» en matière de logement. M. Bettache croit savoir pourquoi la population a réagi dans le calme après l'affichage de la liste. «Les gens sont conscients. Même s'ils sont eux-mêmes dans le besoin, quand ils ont vu que d'autres, plus souffrants qu'eux, figurer sur la liste, ils étaient heureux pour eux !», développe-t-il. En échappant à la contestation, l'APC et les comités de quartier ont eu droit à une pluie de recours. Près de 500 recours ont été introduits et qui sont actuellement en cours d'étude. L'offre est toujours maigre par rapport à la demande. La population a aussi participé au processus, à sa manière. La commission a ainsi enregistré la dénonciation d'une dizaine de cas de demandeurs de logements figurant dans la liste du 29 juin et qui ont des biens immobiliers dans d'autres wilayas, mais inscrits au nom des membres de leurs familles pour ne pas figurer sur le fichier national du logement. Dans la zone Krim Belkacem, par exemple, une femme occupe une extension à une terrasse d'un immeuble collectif depuis 30 ans. Son nom est sorti dans la liste avant qu'elle ne soit dénoncée, rapporte un représentant du comité Krim Belkacem. «Nous avons reçu des informations comme quoi cette dame dispose d'une villa à Hamr El Aïn à Tipaza. Nous nous sommes déplacés sur les lieux pour vérifier. La dame dispose effectivement d'une villa qu'elle a louée. Son nom a été retiré de la liste», réplique M. Bettache. Dans la gestion des affaires locales, la participation des citoyens est une condition essentielle à la réussite de toute entreprise.