Une manifestation regroupant des centaines de personnes s'est déroulée jeudi dans le calme à Tunis pour dénoncer la violence et appeler à l'unité pour la réussite du processus démocratique en Tunisie, au moment où le 3e procès de Ben Ali a été reporté au 28 juillet. A l'appel de huit partis politiques, les manifestants ont marché de l'avenue de la liberté à la place Pasteur, l'un des principaux axes de la capitale tunisienne. Encadrés par la police, les protestataires ont scandé des slogans dénonçant la violence et appelant à l'unité pour faire réussir le processus démocratique. «Non à la régression, non au fanatisme», ont-ils également scandé.Le secrétaire adjoint du Parti démocrate progressiste (PDP), Issam Chebbi, a affirmé que cette marche vise à «dénoncer le recours à la violence et appeler à l'union pour la réussite de la révolution et du processus démocratique». Les manifestants ont également réclamé le respect de la date du 23 octobre pour l'élection d'une assemblée constituante. Par ailleurs, le procès par contumace de l'ex-dictateur tunisien et de deux de ses proches, qui s'est ouvert ce jeudi, a finalement été reporté à la demande des avocats de la défense. Ce procès qui concerne cette fois-ci des affaires de corruption et de fraude immobilière aura lieu finalement reporté le 28 juillet. Après l'ouverture de l'audience, les avocats commis d'office de l'ex-dictateur, ainsi que Me Hosni Beji, qui assure la défense de sa fille et de son gendre, également visés, ont demandé le report du procès. L'avocat du couple avait plaidé sa cause, affirmant qu'il avait été contacté le jour même par ses clients, réfugiés au Qatar, et n'avait donc pas eu le temps de consulter le dossier ni de préparer sa plaidoirie. La requête a été acceptée par le tribunal. Ben Ali devait être jugé par le tribunal de première instance de Tunis pour «abus de pouvoir», après avoir autorisé «personnellement» sa fille Nesrine et le mari de celle-ci, Sakhr el-Materi, à acquérir de manière «frauduleuse» un terrain situé dans un quartier huppé de Tunis. Les époux auraient bénéficié d'une remise importante, le montant de la vente étant nettement inférieur aux prix courants. La seconde affaire concerne également une cession de terrain. L'ex-dictateur serait intervenu afin que la société appartenant à Sakhr el-Materi puisse acquérir une parcelle initialement destinée à devenir un espace vert. Ben Ali a déjà été condamné à deux reprises lors de précédents procès. La justice lui a infligé une amende de 54 000 euros et une peine de quinze ans et demi de prison le 4 juillet pour détention d'armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques. Et le 20 juin dernier, l'ex-président et son épouse avaient fait l'objet d'une condamnation à trente-cinq ans d'incarcération et 45 millions d'euros d'amende pour détournement de fonds.