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Oublier l'histoire, c'est être condamné à la répéter.
Au secours Ibn Khaldoun, les dirigeants arabes ne comprennent pas leurs peuples
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2011

C'est nul doute cette réflexion qu'il convient que les dirigeants arabes aient désormais à l'esprit. En effet, les régimes arabes, de Rabat à Damas, en passant pas Alger, Tunis, Tripoli, le Caire, etc. s'enferment dans le mutisme pour certains, et dans le chaos, pour d'autres, quand ils ne sont pas chassés du pouvoir comme en Tunisie et en Egypte.
Les Tunisiens et Egyptiens, au travers leur révolution, car il faut bien appeler cela une révolution, ont mis en exergue une
réalité : les peuples arabes ne sont anesthésiés, ni dans leur honneur, ni dans leur dignité. Ils revendiquent, avec conviction, l'exercice effectif des droits de première génération, comme la liberté d'opinion, la liberté de la presse, et des droits de deuxième génération : droit à un emploi, droit à l'éducation et droit à la santé. Ce ne sont pas tant des régimes monarchistes ou présidentiels que ces peuples rejettent, mais bel et bien l'absence totale ou partielle, à des degrés variables, de gouvernance démocratique et l'atteinte à leur dignité ! Au désespoir des peuples, répondent le mutisme ou la violence des gouvernants.
Aux divorces consommés pour l'Egypte et la Tunisie, succède l'espoir de jours meilleurs. Même si les pays arabes ne sont pas tous gouvernés de la même main de fer, l'injustice sociale et le déficit de démocratie y sont partout flagrants. Partout les Arabes exigent que ces gouvernants soient élus (monarchies parlementaires, présidents élus par le peuple ou par un Parlement lui-même élu, etc.).
Nul ne contestera qu'à l'aube du XXIe siècle, les régimes politiques de tous les pays arabes freinent le développement humain : corruption, manque de transparence, absence de liberté d'entreprendre, inégalité dans l'accès au micro-crédit pour des jeunes, chômage très élevé, incapacité d'un marché du travail fantôme à absorber de jeunes diplômés. Il s'agit d'infirmités irréductibles qui condamnent ces pays à la misère et au sous-développement. Qui osera affirmer, s'appuyant sur le seul exemple chinois, que le développement n'est pas tributaire d'une gouvernance démocratique ? La Chine, aussi, est en prise à des mouvements sociaux qui, nous en demeurons certains, ébranleront le régime. Le peuple chinois aura aussi droit à sa révolution du jasmin, fleur dont il décore déjà les monuments publics.
Depuis décembre 2010, chaque révolution, chaque manifestation met en lumière des inégalités criantes, un clientélisme qui gouverne toute la vie civile, des gouvernants arabes autistes. A l'image de la banlieue française dont Karim
Kacel chante que sa grisaille ne donne que l'envie de partir, la grisaille des pays arabes ne donne que l'envie de s'enfuir ! De la nation qui a donné naissance à l'Emir Abdelkader à celle de sa mort, au Maghreb d'Ibn Khaldoun — allant de la Mauritanie jusqu'à La Libye — jusqu'aux pays visités, jadis, par Alexandre Le Grand, la colère gronde et un vent de révolte souffle. Certains historiens européens comparent cette révolte à celle des jacqueries du Moyen-Age et de l'Ancien régime au cours desquelles les paysans européens se soulevèrent contre la noblesse d'Europe qui les maintenait dans la misère et la guerre.
Assurément, les dirigeants arabes n'ont aucune culture historique. Sourds aux révoltes de leurs peuples et aux frustrations qui en sont le catalyseur, ils répondent par la violence ou, au mieux, par le mutisme.
Combien de morts faudra-t-il pour que ces régimes accompagnent la transition démocratique, la favorisent et promeuvent l'unité des pays arabes comme le Général de Gaulle et le Chancelier allemand Adenauer avaient promu au travers de la réconciliation franco-allemande la construction de l'Europe.
Les Arabes ont pourtant eu, eux aussi, leur bâtisseur, leur Robert Schuman, père fondateur de la construction de l'Europe. Les réflexions que nous a léguées Ibn Khaldoun sur le Grand Maghreb sont d'une intelligence qui contraste avec les querelles infantiles qu'entretiennent entre eux les pays arabes. Certains de ces pays ont ainsi rebâti le Mur de Berlin, frustrant encore leurs peuples. L'exemple algéro-marocain est affligeant. Deux grands pays, frères ennemis par caprice de quelques dirigeants, incapables de régler le problème de la fermeture de la frontière de façon diplomatique, laissant le soin à la diplomatie américaine de dire à Rabat ce qu'il plaît au Maroc d'entendre, et à Alger ce qu'il plaît à l'Algérie d'entendre… Affligeante inintelligence que de laisser un médiateur intéressé jouer le rôle d'arbitre. Où sont les diplomates arabes ?
A moins que le Mur de Berlin arabe bâti ne soit aussi un instrument d'affaires commerciales transfrontalières entre responsables corrompus… Si l'Europe a pris de la distance à la suite de millions de morts en quelque 4 siècles, il n'est pas acceptable que les peuples arabes attendent le 24e siècle pour voyager de Tanger à Damas. Les intellectuels, en faisant ce constat, n'ont pas d'avance. Ce sont les dirigeants auxquels nous adressons ce message qui ont du retard.
Les peuples arabes ont changé de paradigme. Les obstacles épistémologiques dans lesquels les enfermaient leurs dirigeants ont été brisés – ces régimes autoritaires ou dictatoriaux seraient des remparts contre l'intégrisme religieux (sic). Même si la misère et l'indigence de l'espace public ont empêché l'émergence d'une classe moyenne, la transition démocratique est désormais à l'horizon.
L'accompagner ou la freiner avec obstination, tel est le dilemme des dirigeants arabes.
Le constat est affligeant : une grande partie de l'élite arabe de ces pays est exilée, dans les pays occidentaux, contribuant au rayonnement économique et social de ces pays développés. La jeunesse, sans aucun espoir, sans avenir, se noie dans les flots d'une mer Méditerranée qui symbolise, non un pont entre la rive sud et la rive nord, mais la frontière maritime de la misère.
L'Union Pour la Méditerranée à laquelle nous croyons comme un formidable arc-en-ciel entre les pays riverains de la Méditerranée, loin du clash des civilisations, est en souffrance parce que les dirigeants de l'Europe n'ont pas compris le sens de l'Histoire. Parce qu'ils trouvent plus commode de soutenir des dirigeants marionnettes.
Mais, comme l'écrivait si brillamment Edward Saïd, citoyen et intellectuel américano-palestinien, «le mal qui ronge nos sociétés n'est pas le choc des civilisations mais celui du choc des ignorances». Ni les USA ni l'Europe n'ont compris les peuples arabes, figés dans un orientalisme néo-colonialiste qui occulte l'universalité des droits de l'homme.
Pourtant, ni les potentialités humaines, ni les richesses, ni la culture des pays arabes ne prédestinent à la fatalité, et encore moins à une forme de déterminisme politique. Observons comme l'équipe d'Algérie était partout soutenue lors de sa qualification à la dernière Coupe du monde. «Nous sommes tous des Algériens» vociférait le commentaire de la chaîne sportive d'El Jazeera. Que l'on aime ou non le football, le commentaire sportif avait réveillé les consciences, anesthésiées. Oui, être Arabe a un sens, une origine, une histoire. Oui, être Arabe, c'est être ouvert sur le monde et sur toutes les religions. Oui, être Arabe c'est refuser l'humiliation que nos dirigeants nous font subir et que subit quotidiennement le peuple palestinien privé du droit à une patrie. Oui, être Arabe, c'est être pour la paix, une vraie paix et non une paix de dupes.
Il faut donc que les dirigeants arabes abandonnent leur attitude paternaliste en ne donnant plus à choisir entre la peste et le choléra, en ne tombant plus de Charybde en Scylla, comme ce fut naguère le sort que connut le héros Ulysse lors de son odyssée, de son retour de la guerre de Troie.
Le spectre de l'intégrisme ne sera jamais combattu par de ces dirigeants, revêtus de leurs habits de chevaliers blancs, car de tels dirigeants arabes sont autoritaires et en constant état d'urgence, bafouant les libertés, perpétuant les inégalités sociales. On s'ouvre sur le monde et on aide son peuple par l'éducation, la culture par l'accès aux droits économiques. A y regarder de près, les dirigeants arabes insultent l'intelligence et le bon sens de leurs peuples, prenant pour de l'ignorance ce qui n'est que la peur. Peur de la répression, peur de l'incertitude du lendemain, peur du chaos ; peur collective que Tunisiens et Egyptiens ont surmontée au prix de beaucoup de souffrances.
Peur que d'autres sont sur le point de surmonter. Les peuples arabes doivent prendre seuls leur destin en main et éviter de se tourner outre-Atlantique, car ils savent le double jeu des USA, jeu brillamment analysé et porté par Zbigniew Brezinski, politologue américain et conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis, Jimmy Carter. Auteur du Grand Echiquier (Editions Hachette, 2000), il y soutient, avec un inégalable cynisme, l'idée que l'amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l'hégémonisme américain. Toute autre puissance est une menace. C'est là aussi une erreur dont le peuple américain finira par prendre conscience.
Quant à l'Europe, elle est plus que jamais, selon la formule consacrée, «un géant économique et un nain politique».
L'Union Pour la Méditerranée est, malheureusement, en panne. Ses volets politique, économique, social, culturel et humain souffrent de l'absence de politique étrangère commune ? En conclusion, il aura fallu attendre un demi-siècle après la décolonisation avant que les citoyens des pays arabes ne revendiquent une deuxième décolonisation : celles de leurs cœurs et de leurs esprits. Les régimes qui ont succédé aux colonisateurs n'ont pas résisté à l'envie de coloniser leurs peuples au lieu de les éduquer et de les élever. Cultivant les nationalismes de circonstances, stigmatisant leurs intellectuels, exilant leurs élites économiques, ils ont perpétué la tradition de la Société des Nations dont certains membres ont été chargés d'exercer un mandat de protectorat en vue de «civiliser certains pays dont beaucoup sont arabes».
Bien sûr, mesurée à l'aune d'un relativisme absolu, certains pays arabes sont mieux lotis que d'autres, l'autoritarisme y sévissant à des degrés variables. Cela suffira-t-il à décourager ceux d'entre nous qui aspirent à une plus grande gouvernance démocratique ? Certainement pas...
Le sous-développement et la misère sociale qu'il porte sont étroitement liés à cette mauvaise gouvernance. Il est donc temps de s'atteler à cette rude bataille, celle de la transition démocratique, sans violence, sans sentiment de vengeance. Au nom de la justice universelle que l'on doit à tout homme et, donc, aux peuples arabes. Mais, quoi qu'il advienne, gare aux dirigeants : les lendemains qui s'ouvrent aux peuples arabes ne seront plus jamais comme hier. Un peu comme Ulysse a retrouvé la route de son royaume et les bras de son épouse Pénélope, gageons que l'odyssée des peuples arabes s'achèvera sur l'île de la démocratie où justice sociale et dignité feront partie du vocabulaire et de la pratique arabe. Vous rêvez, diriez-vous ? Non, c'est désormais réalité…


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